Former en conscience.

       Peut-on former un être humain sans le conformer à un ordre social particulier  ?            

  Il semble bien que non.   Pourtant, cette question est intrinsèquement liée à un modèle sociétal qui n’est pas sans risque pour l’humanité : rupture avec la Nature, diminution inquiétante des énergies fossiles, une science capable du meilleur comme du pire, une technologie envahissante, souvent virtuelle susceptible de nous anéantir, etc. Avec, en prime, une économie marchande qui exploite sans vergogne nos pulsions consommatrices. Le matérialisme ambiant nous éloignerait-il du bonheur?

N’est-il,  pas temps de changer, de nous transformer, de repenser une société qui, malgré l’abondance qu’elle génère, ne produit plus de relations solidaires entre ses membres, a perdu tout repère, n’est plus en lien avec le VIVANT, a privilégié l’AVOIR sur l’ETRE?

   Alors, à quoi bon insérer? A perpétuer un modèle dont les limites sont sans cesse remises en cause? A produire « de bons petits soldats  » dont l’économie « triomphante » a besoin? Ne faudrait-il pas, au contraire, apprendre à VIVRE ? C’est bien à partir de ce postulat que devrait s’ébaucher une « vraie » réforme de l’éducation. Vivre s’apprend par ses propres expériences avec l’aide d’autrui, mais aussi avec les livres, la poésie. Vivre, c’est affronter les problèmes de sa vie personnelle, c’est vivre en tant que citoyen du monde, c’est vivre dans son appartenance à l’humanité.

La formation devrait s’ouvrir à toutes ces dimensions pour mieux nous replacer au sein de notre conscience individuelle et donc aux responsabilités qui nous incombent.

   Former sans déformer, sans conformer pour nous permettre d’être en phase, de résonner avec l’univers dont nous faisons intégralement partie. Voilà un beau et grand défi pour les générations à venir. A nous de le relever!!!

                                  

La société, les familles et l’école …

Voici  le prologue de l’émission radiophonique « PAROLES  » animée par Patrick FIGEAC, sur Radio4, le mercredi matin …

                         écouter  :  ♫ La socièté, les familles et l’école.

         Lire le blog        La société, les familles et l’école.

     L’école n’est pas la seule responsable des mauvais résultats obtenus dans l’enquête PISA 2012. Entre 2003 et 2013, la société s’est elle aussi profondément divisée. Les inégalités entre les familles, devant le logement par exemple, se sont davantage creusées. Nous savons aujourd’hui que les 20% des enfants qui grandissent dans des habitats insalubres ou surpeuplés ne sont pas dans des conditions optimales pour réussir leur scolarité

      Ce qui se passe dans l’école reflète avant tout ce qui se passe à l’intérieur de la sphère privée. En effet, les inégalités sociales émergent d’abord dans le contexte familial. Avec la crise, de nombreux parents en situation de précarité ne sont pas en mesure d’aider leurs enfants. L’école continue pourtant à fonctionner comme si ces différences n’existaient pas. Elle ne tient pas suffisamment compte des écarts majeurs de capital culturel transmis par les familles, de leurs ressources inégales pour accompagner la scolarité des élèves. Le système éducatif fonctionne de manière trés fermée, favorisant celles et ceux qui en connaissent les clés. De nombreux parents se désinvestissent, particulièrement dans les milieux modestes, à la fois parce qu’ils ne se sentent plus légitimes mais aussi parce qu’ils n’ont aucune idée de l’importance considérable que peut revêtir le simple fait d’échanger avec leurs enfants sur ce qui se passe à l’école ! …

     Tant que nous appliquerons un modèle homogène à un système qui ne cesse de se différencier, nous favoriserons les « nantis », les « héritiers ». Nous devons donner une vraie priorité financière aux établissements les plus en difficultés avec un accompagnement pédagogique spécifique. Les directeurs, principaux, proviseurs ont, dans ce cadre, un rôle déterminant à jouer comme levier de mobilisation et d’entraînement. En sachant les nommer au bon moment et au bon endroit, il est possible de réduire les inégalités. Encore faut-il que la société se mobilise.     Malheureusement, la question centrale posée par PISA est devenue inaudible. Les acteurs qui oeuvrent au quotidien sont déjà invisibles dans les médias. Ils seront bientôt effacés de nos mémoires. « Indignez-vous » , disait Stéphane HESSEL. C’est le moment de nous faire entendre !

Les enseignements de PISA 2012.

VENDREDI 6 DÉCEMBRE 2013       ♪  Pisa 2012

                                              Les enseignements de PISA 2012.

        Le système éducatif français est en panne. Les résultats obtenus dans l’enquête PISA 2012 le démontrent. Il ne parvient plus à lutter contre la détérioration des élèves les plus en difficulté, et lorsqu’il y a une évolution dans les performances, elle profite essentiellement aux élites scolaires qui sont de plus en plus fortement marquées socialement.

       L’école n’est pas vécue comme un lieu d’inclusion et de sérénité par une partie non négligeable de notre jeunesse qui doute de ses compétences en mathématiques plus particulièrement et qui, plus globalement, manque de confiance en ses capacités. Ces indicateurs doivent interroger le fonctionnement global de l’école, les modalités de la notation, le travail collaboratif entre pairs, trop peu développé dans notre pays.

      D’autre part, la France est marquée structurellement par la faiblesse des politiques de prévention de l’échec scolaire. Nous attendons que les élèves soient en difficulté pour les aider. Pourtant, depuis des decennies, de nombreux dispositifs se sont développés, se sont même empilés mais leur efficacité n’est toujours pas démontrée. Un suivi plus rapproché, une attention portée au  quotidien à chaque enfant par le biais d’un enseignement individualisé serait nécessaire et se substituerait ainsi au redoublement dont nous constatons à la fois l‘inefficacité et le fort marquage social.

      Enfin, les recherches montrent que l’offre scolaire, en particulier au collège est trés inégale. Les classes d’excellence, les sections européennes, les diverses options, bi-langues, théâtre par exemple se sont développés essentiellement dans les établissements les plus favorisés. Avec le recours au soutien privé qui, depuis 2005, fait l’objet d’une compensation fiscale, la collectivité nationale paye pour certaines familles qui bénéficient ainsi  d’une aide supplémentaire pour leurs enfants.

    C’est l’ensemble de ces facteurs qui se conjuguent aujourd’hui pour détériorer le niveau d‘inégalités scolaires . Quand l’école se dégrade, quand les compétences cognitives des élèves régressent, ce sont les fondements même du lien social qui sont interrogés, ce qui, dans la société française, n’est pas neutre ! …

Que de chahut et de remue-ménage!!!

Que de chahut et de remue-ménage !!!

À écouter ici : ♪ Que de chahut et de remue-ménage !

       L’école est parfois loin d’être un long fleuve tranquille. La fronde contre les rythmes scolaires a pris de l’ampleur, portée par certains élus, syndicats d’enseignants,  parents d’élèves. Au fond, chacun défend sa vision de l’école ou plutôt les horaires qui l’accompagnent. Il n’est pas inutile de rappeler ici le consensus qui régnait il y a encore quelques mois autour de ce projet tant décrié aujourd’hui. Le redécoupage du temps scolaire, avec la mise en place de nouvelles activités, apparaissait comme une mesure de justice sociale, les enfants les plus touchés par les trop  longues journées étant précisément ceux qui ne bénéficient pas d’un soutien solide et efficace à la maison. Par ailleurs, au plan européen, avec six heures de classe, la France détenait le record de la journée la plus longue et de l’année la plus condensée.

      Enseignants, parents, collectivités, associations, spécialistes de l’enfance, tout le monde semblait d’accord pour dire qu’il fallait bouger, évoluer et légiférer au profit des enfants. Pour leur bien, pour leur réussite. La mise en place sur le terrain, dans les écoles, les mairies a vite fissuré le beau consensus avec des problèmes trés concrets qui n’ont pas toujours de lien avec le confort des gamins.

     Ceux qui dénoncent la fatigue des petits, confrontés aux nouvelles cadences, ne sont-ils pas ceux qui oublient souvent de mettre une limite aux séances de jeux-vidéo ou de télévision ? Autre obstacle, bien réel, l’inégalité territoriale sur le financement des offres périscolaires promises. Pas de quoi malgré tout,  jeter « les rythmes au feu et le Ministre au milieu »  !!!

Familles, qui êtes-vous?

Familles, qui êtes-vous?

à écouter ici : Famille qui êtes vous ? ♫

      La famille ne répond aujourd’hui à aucune définition précise puisque le modèle de référence qui tournait autour du mariage a été remis en question. La complexité réside donc dans la disparition d’un grand modèle normatif et en même temps sur la persistance d’un idéal : les individus souhaitent plutôt vivre en couple et plutôt avec des enfants.

      La famille est  ainsi toujours portée par l’idée de vivre avec des proches avec lesquels des liens affectifs persistent. 71% des enfants vivent avec leurs deux parents; à regarder ce chiffre, nous pourrions penser que la conception du modèle familial n’a pas fondamentalement changé, le seul vrai changement de ces trente dernières années,  c’est le couple amoureux  avec possibilité de divorce par consentement mutuel. Séparation qui est bien souvent le prélude à une nouvelle recomposition. Les trajectoires de vies familiale et conjugale sont devenues, au fil du temps, plus complexes, plus difficiles à cerner. Avec deux principes: le premier, instable, fondé sur l’amour entre adultes, le second, stable, reposant sur l’enfant qui a des bsesoins spécifiques. D’un côté, une logique purement contractuelle qui peut être défaite, de l’autre, un engagement parental à s’occuper de sa progéniture.

Auparavant, la famille reposait sur le temps long de la transmission et du patrimoine. A présent, s’est ajouté un temps incertain: le facteur conjugal. Un couple peut divorcer mais doit rester uni à titre parental.

       Autre différence. Actuellement, plus personne ne se définit exclusivement par sa dimension familiale. Le bonheur en famille n’existe que s’il permet le bonheur individuel. Nous voulons bien être ensemble à condition de rester un individu à part entière. L’idéal de la famille contemporaine, c’est être « libres ensemble ».

Patrick FIGEAC, 14/11/2013

Un enfant sur 88 est autiste ! …

Le billet de Patrick FIGEAC :

L’autisme aujourd’hui, c’est un enfant sur 88 !!

un enfant sur quatre vingt huit !

N’oubliez pas de signer la pétition :  » L’INCLUSION, C’EST MAINTENANT !! »

de consulter le Projet  » Éloge de l’inclusion  » onglet : projets locaux

       C’est un fait acquis : notre environnement a des conséquences sur notre santé ; l’épigénétique montre désormais les incidences désastreuses de la pollution, de certaines substances chimiques sur notre bien-être. Voilà qu’un toxicologue vient de publier une note selon laquelle, aux Etats-Unis, les troubles du spectre autistique touchent « un enfant sur quatre -vingt-huit. ». Publiée en mars 2012, cette étude a recensé, sur 14 sites répartis sur l’ensemble du territoire américain, les enfants atteints de troubles autistiques au sein d’une même classe d’âge du cours élémentaire. Plus inquiétant; la prévalence de ce phénomène a augmenté de 78% entre 2007 et 2012. Cette progression semble écarter les causes non environnementales.

   En effet, ni le patrimoine génétique de la population américaine, ni l’âge moyen de procréation n’ont évolué de manière significative . Autre indice précieux : 1 garçon sur 54 est touché  contre 1 fille sur 252. Cette susceptibilité, variable en fonction du sexe, met immanquablement sur la piste des perturbateurs endocriniens, ces molécules de synthèse omniprésentes qui interfèrent avec le système hormonal et produisent majoritairement leurs effets au cours de la vie foetale.

Bien sûr, il n’y a pas de consensus scientifique sur ce lien possible avec l’autisme,mais un simple soupçon, bien étayé.

    L’environnement devrait donc être pris en compte dans les politiques de santé publique. La conférence environnementale de septembre aurait été l’occasion de se saisir de cette question. Le gouvernement a préféré l’ignorer.

L’alcool et les jeunes.

30/10/2013   Le prologue de Patrick est
à écouter ici : ♪  l’alcool et les jeunes

                 L’alcool et les jeunes.

         L’alcool est un sujet que nous avons du mal à aborder avec nos ados. A lire et écouter les médias, il y aurait pourtant urgence !! L’alcoolisation démarrerait de plus en plus tôt et serait de plus en plus violente (1). Alors, y aurait-il vraiment une inflation en ce domaine? Question compliquée, disent les spécialistes. Oui, dans la manière de consommer. Il y a effectivement un pic de consommation chez les collégiens entre 13 et 14 ans, mais moins important que ce qui est médiatisé.

Nous vivons dans une société qui a peur du risque  et c’est précisément cette dangerosité qui pousse nos ados à consommer de préférence en groupe qui a  fonction d’intégration.      En effet, l’alcool prend toute sa place dans une dynamique  de consommation festive. En consommer entre copains, c’est avoir le sentiment heureux de la transgression accentuée par la complicité et le sentiment d’appartenance. Les fêtes impliquent souvent pour ne pas dire toujours une forte alcoolisation. La première cuite est vécue comme  un rite de passage, une initiation en quelque sorte.

Alors que faire? Les messages moralisateurs ne fonctionnent pas, ce sont des paroles en l’air. En revanche, la prévention du risque peut avoir un réel impact. Reconnaissons toutefois que le discours sur ce sujet en France est devenu trop médical alors que nous sommes face à un vrai danger .

       Eradiquer l’alcool étant impossible, nos jeunes doivent être avertis des conséquences à court, à moyen, à long terme  de ces pratiques. Que nous le voulions ou non, l’alcool est bel et bien rentré dans les cours des collèges et des lycées. C’est devenu  un phénomène social !!    Ne reste alors qu’une option pour les parents : tenter de prévenir : sans angélisme ni diabolisation …

(1) Les chiffres: – 59%, des élèves de 11 ans déclarent avoir consommé de l’alcool, 72% pour les 13 ans, 84% pour les 15 ans.

– 9% ont une consommation régulière (plus de 10 fois par mois) à 15 ans.

– 41% des élèves de 15 ans déclarent avoir été ivres; ils étaient 30% en 2002.

à télécharger : le numéro thématique sur l’alcool du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (7/05/2013) de l’ONS : — >     BEH_16_17_18_2013

Quand la politique s’immisce dans l’école

À retrouver dans le blog AGIR de Patrick FIGEAC

VENDREDI 25 OCTOBRE 2013 à écouter ici :

 Quand la politique d’immisce dans l’école

Quand la politique s’immisce dans l’école.

       Arrêter une jeune fille de 15 ans alors qu’elle était en sortie scolaire avec sa classe sous prétexte que sa famille a été déboutée de ses demandes de droit d’asile, pour l’expulser ensuite dans son pays d’origine, le Kosovo, est forcément un drame humain. Puissant révélateur du malaise qui mine insidieusement notre société. Reconnaissons que, dans cette histoire, les vrais modèles républicains auront été les enseignants de cette jeune adolescente qui ont donné, à cette occasion, une leçon magistrale de civisme à leurs élèves en refusant, dans un premier temps, d’obéir à cette injonction puis, ont accepté de respecter la loi dans le respect de la dignité de la personne. Oui, des professeurs ont accueilli l’adolescente pendant 4 ans sans se préoccuper de sa situation. Respectueux de l’éthique républicaine, ils l’ont éduquée, lui ont permis de trouver sa place dans une communauté de jeunes qui partagent les mêmes attentes, les mêmes idéaux. Continuer la lecture

La maternelle, laboratoire de la réussite.

                                   La maternelle, laboratoire de la réussite.   ( blog « Agir » )

à écouter en cliquant ici : ☞ La maternelle, laboratoire de la réussite ♪

       Aprés avoir été longtemps une fierté française et un pilier central de la République, l’école va mal. Nous connaissons par coeur le discours tant répété depuis des décennies..

     Et pourtant !!! Une enquête de grande ampleur réalisée en 2011 auprés de 15 000 élèves entrant au cours préparatoire montre que leur niveau de performance a progressé de manière significative par rapport à 1997, lors d’une étude similaire. L’élévation est générale. Mieux, nous observons même une réduction des inégalités sociales. En effet, les élèves issus de milieux défavorisés ont progressé un peu plus vite que ceux des familles les mieux dotées.

     L’évolution de la société française explique pour une part ce résultat encourageant. Avec une question sous-jacente mais essentielle: qu’attend-on de l’école maternelle ? Un lieu d’épanouissement ou une école qui se donne les moyens de mieux armer les enfants qui n’acquerront pas le savoir ailleurs ? Une maternelle qui veut garder son identité  ou une école qui anticipe l’élémentaire ? Ce qui s’est passé entre 1997 et 2011 illustre bien ce dilemne avec une évolution tendant à faire de la grande section l’antichambre du CP. Sur la période étudiée, les programmes ont changé passant du « vivre ensemble » (1995) à la mise « du langage au coeur des apprentissages » (2002) avant que ceux de 2008 ne recentrent les enseignements sur les fondamentaux. Avec le changement de profil des enseignants, les « instits » remplacé(e)s par les professeurs des écoles, la maternelle de 2011 n’a pas du tout la même image que celle qui prévalait quatorze ans auparavant.

     Restera à observer si les acquis de début de la scolarité se maintiendront, si les élèves de CP de 2011 deviendront des « lecteurs experts ». Réponse début 2014 aprés la nouvelle évaluation de 15 000  CP de 2011.