En 1985, Jean-Pierre CHEVENEMENT, alors Ministre de l’Education Nationale lançait, grâce à la création des bacs professionnels, le projet de conduire 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat. Trente ans après, nous y sommes ou presque: 73% des élèves l’ont décroché.. L’enseignement supérieur compte désormais 2,4 millions d’étudiants. Formidable mutation qui a permis à notre pays de gagner la bataille du nombre mais qui, dans le même temps, a perdu celle de la démocratisation d’accès à la réussite. Les enquêtes le démontrent; les résultats de l’école française sont médiocres comparés à ceux des pays similaires. Pire,c
L’affaire des rythmes scolaires vient de le démontrer de manière flagrante. Monsieur le Ministre a raison de vouloir combler le gouffre entre l’incantation égalitaire des discours et la dure réalité du terrain. Comment ? C’est la question à laquelle il doit tenter de trouver des réponses. Ses prédécesseurs vantaient les mérites des 80% des jeunes au niveau bac. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Définir un projet éducatif, c’est repenser un projet de société. Vaste programme qui, malheureusement en France, est lié au calendrier électoral où tout nouveau venu s’interdit de lancer une réforme qu’il faut mettre inéluctablement en chantier, réforme qui sera, par la suite, détricotée par son successeur.
Monsieur le Ministre croit aux valeurs sûres de l’Ecole républicaine, à son ambition anticipatrice et démocratique. Il est à craindre que, malheureusement, son courage et sa ténacité ne suffisent pas.