Les risques de « l’évaluation bienveillante » des élèves.

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et dans l’émission des 4 ateliers le mercredi matin, conservée 7j en podcast sur radio4 !

Risques de l’évaluation bienveillante (☚ blog « agir »)

     Entre 2005 et 2007, Gilles De ROBIEN, alors Ministre de l’Education nationale, s’était mêlé des méthodes de lecture. Ouvert en 2006, le débat a duré une année mais n’a pas offert aux enseignants les bonnes portes d’entrée pour l’enseignement de la lecture. Car, au lieu de leur apporter les arguments scientifiques dont ils avaient besoin, il a crispé le débat en le politisant et a tué le sujet. C’est le risque que prend aujourd’hui l’actuelle Ministre en se saisissant du dossier de l’évaluation des élèves. Continuer la lecture

Chantiers trop ambitieux pour l’école ?…

Écouter ici : ♪    Chantiers ambitieux de l’école !

4 DÉCEMBRE 2014

              Réforme de l’évaluation, plan numérique, refonte de l’éducation prioritaire, mise en œuvre d’une école bienveillante, Madame la Ministre a une réelle ambition et le souci constant de faire évoluer le système éducatif et elle veut aller vite.

           Mais, autant de changements profonds prévus dans un temps court risque vite d’être problématique. L’administration centrale peut-elle transformer ainsi l’école ?                 Nous avons tous en tête les grandes réformes annoncées triomphalement mais jamais abouties. L’interdiction des devoirs à la maison , régulièrement mise en lumière depuis un demi-siècle en est un bel exemple. Bref, plus le changement se rapproche de la classe, plus il semble impossible à mettre en place. En réalité, l’administration centrale peut soutenir une réforme mais elle est incapable de gérer les initiatives du terrain. Et pour cause, la marge de manœuvre est plus importante dans les établissements locaux qu’au niveau national.

Madame la Ministre prend à témoins la société. Fort bien !! Mais, pour changer l’évaluation, diminuer les injustices dans la répartition des moyens, il va lui falloir d’abord convaincre de l’efficacité de ses propositions à la fois l’opinion publique, mais sutout les parents et les enseignants. Car, qui peut accompagner le mieux les ambitions ministérielles ?

Colère et espoir dans l’éducation prioritaire.

                                  Colère et espoir dans l’éducation prioritaire.

        Dans beaucoup d’écoles, de collèges, de lycées situés en zone sensible les personnels, les parents sont en colère car les quelques moyens dont ils disposent jusqu’à présent, à commencer par les 25 élèves par classe, la scolarité des moins de 3 ans entre autre ne sont plus des avantages acquis. Ils craignent en effet de voir disparaître ces aménagements car, au Ministère, des moyens sont retirés à ceux qui en ont fait bon usage , et refusés à ceux qui en ont un besoin urgent..    Sans parler des écoles, collèges, lycées dont les effectifs par classe sont surchargés, voire ingérables. Ne nous y trompons pas. La mobilisation actuelle des parents et des enseignants à propos de l’éducation prioritaire n’est pas un simple mouvement d’humeur. Dans un pays où les citoyens souffrent et trop souvent se résignent à leurs difficultés croissantes, la priorité à l’éducation et à la jeunesse affirmée au plus haut sommet de l’Etat est dans tous les esprits.

       Beaucoup de nos compatriotes sont prêts à restreindre leur mode de vie, à se contenter d’emplois précaires, mais ils ne cèderont pas sur l’avenir de leurs enfants. Dans cette colère, il y a de l’espoir. Oui, l’école, la santé, la justice, la culture, la recherche coûtent cher. Oui, c’est la crise, il faut rembourser les banques (?), « réduire les dépenses, gratter des millions partout où c’est possible ».                                             Mais nous ne pouvons accepter de faire plus avec moins de moyens dans l’Education nationale. C’est demain que préparent les parents et les enseignants, unis dans ce mouvement de contestation !!

     L’Etat et ses représentants auraient tort de mépriser cette indignation et de décevoir les attentes de celles et de ceux qui militent pour le bien-être d’une jeunesse en mal de vivre. Il est encore temps de satisfaire ces revendications , au nom de l’équité, tout simplement.

 

 

Non au palmares des collèges !

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    Non au palmares des collèges !              Agir :+ lire le blog 

       C’est une première! !!  » Un classement répertorie les collèges publics et privés selon leur taux de mentions au brevet 2013″. L’entreprise qui publie ces résultats explique qu’elle permet ainsi aux familles de choisir les établissements qui offrent les meilleures chances à leurs enfants. Initiative qui tourne très vite à la tromperie. Pour les parents d’abord qui n’ont souvent que le collège de secteur à disposition même si nous savons bien qu’en zone urbaine, les établissements recommandés ont un nombre de places limité. Imposture ensuite de ne retenir uniquement que la mention comme gage de réussite.

      En effet, le » bon » collège n’est pas celui qui forcément affiche le plus fort taux de réussite au brevet ou le plus grand nombre de mentions. Le meilleur est celui où les enfants s’épanouissent et progressent sans sélection, année après année. C’est aussi celui qui fait grandir, transmet des valeurs et des savoir-être.

      Le palmarès publié est à l’opposé de ces considérations en mettant en avant des établissements privés des quartiers favorisés, en rejetant au fond du classement les collèges des milieux populaires sans tenir compte de leur mérite qui ne se traduit pas obligatoirement par des mentions !

      Cette publication est aussi de nature à relancer la concurrence entre collèges dont nous savons pertinemment qu’elle sera défavorable aux publics les plus fragiles car, c’est bien connu, la mixité sociale sera réduite et la ghettoïsation accélérée. Alors oui, il faut aider davantage les collèges qui décrochent tout en redéfinissant les secteurs de recrutement qui concernent plusieurs établissements.

 Ne nous arrêtons pas à ce triste palmarès qui porte un mauvais coup à l’Education Nationale … Laquelle n’en a vraiment pas besoin !!

 

Contrôle médical quasi nul à l’éducation Nationale.

Écouter ici : ♪ Médecine du travail

La médecine du travail et l’Education Nationale

             La médecine du travail est vraiment le parent pauvre de l’Education nationale. Nombreux sont les enseignant(e)s qui n’ont eu recours à ses services qu’au moment de leur embauche. Savez- vous qu’il n’y a que 68 médecins pour suivre 1 million de salarié(e)s, faites le calcul, 1 pour 15360 adultes. Pourtant, les textes imposent une surveillance des agents et une visite au moins tous les cinq ans. Mission impossible !!! Mais, ce n’est pas tout. Comment assurer dans ces conditions la surveillance médicale des personnels exposés à des risques ? Situation plus fréquente qu’on ne le croit à l’Education nationale. L’exposition à l’amiante par exemple ne fait l’objet que d’un suivi très parcellaire. La médecine de prévention ensuite n’arrive pas à répondre aux obligations légales.             Des professeurs partent à la retraite sans avoir pu prendre connaissance des risques encourus pendant leur carrière. La gestion des problèmes psycho-sociaux, harcèlement, déqualification professionnelle très fréquente au sein du système éducatif est souvent rejetée voire niée par le Ministère.

Ne soyons pas trop critiques. L’amélioration de la surveillance des agents est désormais une priorité. Le plus urgent est de recruter des médecins de prévention. Une vingtaine a été embauchée depuis 2011. La charge de travail est lourde et le salaire peu attractif.

Le bien-être des professeurs est pourtant essentiel pour rendre l’Ecole bienveillante !   L’éducation à la santé concerne tous les acteurs du système éducatif. C’est une mission primordiale qui devrait faire l’objet de toute l’attention des gestionnaires de la Rue de Grenelle. Le plus dur reste à faire !!!!

 

Les mesures de gestion du Ministère

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                           Les nouvelles  mesures de gestion du Ministère

          Le Ministère de l’Education nationale tente de gérer au mieux les moyens qui lui sont alloués. Comment trouver de nouveaux gisements d’emplois au moment même où les créations de postes sont absorbées en partie par la poussée démographique ? Deux pistes sérieuses sont étudiées.

         La première est la possibilité offerte aux assistants d’éducation d’occuper un poste de professeur contractuel pour faire face à une vacance temporaire d’emploi ou pour remplacer un fonctionnaire en congé. Voilà une solution intéressante pour les rectorats qui peinent souvent à recruter dans certaines disciplines.    Les chefs d’établissement vont disposer ainsi d’une ressource inattendue et bienvenue pour pallier telle ou telle absence professorale.

La seconde piste concerne le projet de décret sur l’accompagnement des élèves qui permettrait de diminuer le nombre de redoublements, lesquels représentent un coût important pour le système éducatif, évalué en 2009 à environ 2 milliards d’euros. Si cette manne est bien gérée, ce sont plusieurs dizaines de milliers de postes qui pourraient être libérés et réaffectés en fonction des besoins. Nous avons là une clé pour dépasser les contradictions budgétaires, faire face à la pénurie de recrutement et mettre en place la refondation.

      Seule ombre au tableau, ces deux pistes touchent prioritairement les quartiers populaires. Mieux vaut un remplaçant qui connaît les élèves que pas d’enseignant du tout, à condition toutefois que ce dernier ne vienne pas prendre la place d’un professeur formé. D’autre part,  si le redoublement apporte rarement une amélioration des difficultés de celles et de ceux qui en font les frais, sa suppression ne règlera pas non plus tous les problèmes.

       Il faudra suivre de prés les effets de ces deux mesures sur le terrain afin qu’elles ne génèrent pas au final une éducation au rabais ! …

 

Gouverner, c’est choisir !

Écouter ici : ♪  gouverner c’est choisir  !

 » Gouverner, c’est choisir  » !!!          (le blog)

        L’action d’un gouvernement se lit dans son budget. Avec une hausse de 2% celui de l’Education nationale se distingue nettement des autres Ministères. Les 9421 postes supplémentaires offerts aux concours 2015 sont une exception dans un contexte budgétaire difficile. Mais, cette manne financière est-elle bien employée ? Nous savons que les inégalités sont fortes entre l’enseignement primaire (qui bénéficie de moins de moyens) et le secondaire, que l’éducation prioritaire est encore le parent pauvre de notre système éducatif.

     Le Ministère en est bien conscient et tente d’y remédier. Mais, malgré les efforts consentis , sur le terrain, les enseignants subiront une perte de leur pouvoir d’achat. Quant aux élèves, ils resteront entassés dans des classes plus chargées que la moyenne européenne et le ratio par écolier demeurera en dessous des normes édictées par l’O.C.D.E.  

Au final, nous voyons bien que les arbitrages en faveur du primaire et du prioritaire continueront à s’effectuer dans le maintien des équilibres anciens. Compensation à la marge mais la tâche est immense. Le premier choix exigerait que le système éducatif améliore ses performances, ce ne sera possible que lorsque l’Education nationale rééquilibrera dans l’intérêt du plus grand nombre un système qui, malgré tout, favorise encore et toujours des filières élitistes très largement dotées !!!!!

Vie lycéenne : des textes à la réalité

Vie lycéenne : des textes à la réalité   

La « semaine de la démocratie scolaire » aura lieu à la mi-octobre. Parents, élèves, professeurs éliront à cette occasion leurs délégués. Le Ministère souhaite avec cette initiative amener surtout les lycéens à s’investir dans les instances représentatives inscrites dans les textes et à s’impliquer davantage dans la vie de leur établissement.    Mais, là encore, la distance est grande entre l’impulsion nationale, le ressenti des adultes et celui des élèves  !!

             Les lycéens sont souvent peu informés, les heures prévues à cet effet sont variables d’un lycée à l’autre, un tiers des établissements n’en dispense aucune. Alors, pourquoi tant de réticences ? Surcharge de travail ? Sans doute mais les causes de cette résistance semblent plus profondes.   Continuer la lecture

Un effort suffisant … en ZEP ? !

Écouter Patrick FIGEAC : ♪ Education prioritaire

Education prioritaire: un effort suffisant ?   ( blog )

      L’Ecole française investit-elle suffisamment dans l’éducation prioritaire ?

     Dans un pays miné par les inégalités sociales, ce dispositif ne représente que 1,5% du budget de l’éducation nationale, somme très inférieure aux recommandations de l’OCDE mais surestimée si nous nous référons au rapport de la Cour des Comptes. Remarquons toutefois que cet investissement est le parent pauvre du système éducatif si nous le comparons à celui des options en lycée ou à celui plus emblématique des classes préparatoires aux grandes écoles par exemple !! Continuer la lecture

Un socle commun pour quoi faire ?

  Ecouter le son ici ♪ : un socle commun pour quoi faire ?

Un socle commun pour quoi faire ?

         Depuis 20 ans, les acteurs de l’éducation utilisent les termes « savoir minimum », « savoir commun », « culture commune », « socle de connaissances et de compétences ». Durant ces décennies, le système scolaire s’est massifié et tous les responsables avaient alors l’idée de ne pénaliser ni les mauvais élèves ni les meilleurs.

      Or, le 21ème siècle voit les inégalités scolaires se creuser, des zones de fracture apparaissent dans la société, la ségrégation ethnique, sociale s’installe, l’orientation est totalement dévoyée par la hiérarchisation des filières. L’Ecole à bout de souffle accentue les écarts malgré les efforts de ses personnels et impose à la société dans son ensemble un coût économique, social, politique exorbitant !

       L’institution scolaire doit désormais veiller à ce que les élèves acquièrent ce que nous considérons comme essentiel , même s’il est vrai que tous n’ont pas les mêmes facilités, les mêmes talents. Faire réussir tous les enfants exige tout d’abord de ne pas reléguer les plus fragiles dans l’échec. La question du socle commun est lié à celle de la démocratisation scolaire.

Nous n’en sommes malheureusement pas là !

L’éviction récente de jeunes issus de milieu populaire dans le département le plus riche de France ne suscite que peu de réactions d’indignation à la différence de celles de la filière des élites il y a quelques mois. L’Ecole doit d’urgence s’ajuster à ses valeurs. Pour y parvenir, un texte, une formation pédagogique, une réforme ne suffisent pas. Il manque la croyance dans la jeunesse, et surtout l’espérance.

       Le  » socle commun de connaissances, de compétences et de culture » est en cours d’écriture. Son histoire reste à construire. C’est une étape décisive pour une Education nationale à refonder intellectuellement et politiquement !