Porter notre regard plus loin !

Samedi 5 Avril 2012

                                                        Porter notre regard plus loin !

        Le futur président, quelle  que soit sa couleur politique, devra affronter de graves problème : un « troisième tour concocté par les marchés financiers, les plus pessimistes affirment qu’il sera calamiteux tant pour la droite que pour la gauche. Quelles sont les inconnues de cette fatale équation ?

       La dette, bien sûr ou plus exactement les intérêts que nous devons rembourser. Le montant est équivalent à la totalité de l’impôt sur le revenu ! Ce poids énorme, absurde, paralysant, rend l’état misérable et impotent. Il s’agit donc d’éponger cette dette au plus vite, seule manière de déssérrer l’étreinte des marchés. Faire des économies, diminuer la dépense publique, augmenter les impôts. Voilà ce que proposent, avec des modalités un peu  différentes les deux principaux candidats.

Plus d’économies pour la droite, plus de recours à l’impôt pour la gauche, mais au total un cocktail qui n’est pas si différent…

       Ce cocktail, nous sommes condamnés à le boire  «jusqu’à la lie». Appelons cela           « rigueur», «sérieux» ou «austérité», ce ne sont que des variantes de vocabulaire. Ce qui attend la France, c’est bien le fameux  « du sang et des larmes »…  Les Français le savent. Le seul ennui, c’est que nous ne sommes pas sur que cette austérité produise le moindre résultat !

      Elle peut tuer le malade au lieu de le guérir !… En Italie, l’austérité brutale n’a produit pour l’instant que des résultats négatifs ! La récession et les prévisions se sont aggravées, la dette s’est alourdie et les taux d’intérêts ont grimpé. Un résultat analogue se dessine en Espagne ! …

Les peuples souffrent, sans résultat tangible pour l’économie. L’austérité n’est pas la solution mais fait partie du problème. Les marchés financiers, eux, ne s’y trompent pas ; ils craignent une récession résultant d’une austérité qui ne soit pas accompagnée de croissance.

   Voilà donc la seconde inconnue ! C’est à son propos que nos candidats sont le plus embarrassés … Aucun n’ose dire à voix haute ce qui se murmure un peu partout ! La croissance ne reviendra pas en Europe …

        Avec ou sans austérité, nous sommes condamnés à une croissance minimale voire nulle. Mais, au fond, cette croissance envolée est-elle si souhaitable ? D’un point de vue arithmétique, sans doute. Mais pour le reste ? Ecologiquement, humainement, qui oserait prétendre que la fuite en avant consumériste, productiviste, gaspilleuse correspond encore à un dessein historique raisonnable ?

         Est-ce le monde que nous voulons construire ? Les vrais réalistes ne seraient-ils pas celles et ceux qui proposent de changer la règle d’un jeu devenu perdant : vivre autrement, imaginer une autre société, promouvoir d’autres rapports humains ?

Derrière l’horizon électoral, ces questions fondamentales nous attendent de pied ferme. Tant mieux !!

Les citoyens doivent résister !

Billet d’humeur de Patrick Figeac

28/04/12

                                        Les citoyens doivent résister !!

         Il y a plus d’un demi siècle, des hommes et des femmes rassemblés au sein du Conseil National de la Résistance écrivaient un nouveau contrat pour la France .

      Grâce à cette mise en mouvement, au fil des ans, des liens de solidarité n’ont cessé d’être tissés, unissant chaque citoyen à la Nation, avec la création de l’assurance-maladie, la retraite par répartition, et les allocations familliales mais aussi par la naissance des comités d’entreprise, le statut de la fonction publique, l’inscription du droit de grève dans le préambule constitutionnel, la représentativité syndicale.

        Soixante ans plus tard, trois grandes lois ont complété cet édifice pour répondre par des droits individuels et universels aux évolutions économiques et sociales. Le revenu minimum d’insertion (RMI) pour faire face aux conséquences du chômage de masse (qui deviendra le  revenu de solidarité active, RSA) l’allocation personnalisée d’autonomie,       (APA) pour soutenir les personnes âgées, la prestation de compensation du handicap (PCH) pour faire en sorte que les personnes handicapées puissent vivre dignement leur vie et conduire  leurs projets.

      Accompagnant la société civile en mouvement, ces trois lois s’enracinent dans la multitude d’initiatives et de pratiques associatives tissant le millage social et territorial et régénérant la solidatité. Ces mesures sont de même nature : elles nous permettent de faire société, elles sont créatrices de liens. Ces droits universels sont notre patrimoine commun et nous aident à résister ensemble aux violences et soubresauts d’une économie financiarisée incontrôlée et en perte de repères …

Pourtant, ces dernières années, toutes les occasions ont été saisies pour faire oublier l’état d’esprit du Comité National de la Résistance dont nous sommes toutes et tous les héritiers.

Il n’y a pas un article du contrat social qui n’ait été  remis en cause :

– déstabilisation de notre système de santé,

– déremboursement des médicaments,    taxation des mutuelles,

– fragilisation du système de retraite par répartition,

– atteinte à l’égalité des citoyens face à l’impôt,

– affaiblissement des associations par la réduction des aides de l’état.

Les droits les plus récents, mis en place depuis 20 ans sont fragilisés.

       Il nous faut retrouver l’état d’esprit et l’imagination des membres du Conseil National de la Résistance en puisant dans nos indignations mais aussi dans les capacités d’initiative, les forces créatrices, les pratiques nouvelles qui, bien que peu connues et reconnues, existent au coeur de notre société.

    Inventons une société non plus laminée par le pouvoir financier mais génératrice d’un autre modèle économique au service du bien commun !…

Les sauveteurs anonymes.

samedi 22/04/2012. le Billet de Patrick Figeac

        L’intrusion « démonstrative des militants de Greenpeace dans plusieurs centrales nucléaires françaises a produit dans notre pays une belle émotion.Plus de paroles, des actes !! Si les dites centrales sont si faciles à atteindre, c’est la preuve irréfutable que leur « sécurité » est problématique. Imaginez ce qui se serait passé si au lieu de vrais militants, nous avions eu droit à des faux, à savoir des terroristes suicidaires ?!…

Tout en condamnant le principe de cette effraction, les ministres concernés ont dû reconnaître de graves dysfonctionnements dans la protection des centrales. Ils n’avaient pas le choix !

        Vu d’un peu plus haut, cette affaire souligne le rôle grandissant des sociétés civiles dans la marche du monde. Partout sur la planète, des centaines de milliers d’organisations non gouvernementales (ONG) remplacent désormais les décideurs politiques défaillants, absents ou affaiblis.

        Si des millions de familles françaises mangent à peu près à leur faim cet hiver, c’est grâce à des réseaux caritatifs comme les restos du coeur, le secours populaire, le Secours catholique et bien d’autres tous non gouvernementaux.

     Or l’action de ces réseaux repose sur l’engagement bénévole d’innombrables sauveteurs anonymes. Ils fonctionnent hors système, hors politique. Même s’ils tendent aujourd’hui à se professionnaliser, ils sont une émanation réflexe de la société civile. Ils complètent, améliorent ou remplacent purement et simplement l’action de l’état. C’est un signe des temps. Par certains côtés, le signe est réconfortant. On défend encore dans le monde associatif des valeurs qui ne sont pas ou plus celles de la société marchande !

      Gratuité, engagement, générosité. Nous y trouvons comme une respiration de l’âme quand le cynisme et le culte de la performance prévalent partout ailleurs. Le monde associatif correspond ainsi à une sorte d’îlot préservé.

     Mais d’un autre point de vue, pareil réseau d’entraide invisible, hors parti, hors syndicat, hors institution porte en lui-même sa propre limite. Une privatisation subreptice de la solidarité. Le danger serait alors d’aboutir à un partage des rôles entre associatifs et politiques. Aux premiers la générosité, aux seconds le cynisme et la  dissimulation.

     Celà ferait de ce magnifique monde associatif l’allié objectif  et involontaire du système. En mettant un peu d’humanité à la marge, il permettrait à nos  démocraties vermoulues de durer sans se réformer !

    Tirons notre chapeau aux millions de bénévoles qui travaillent quotidiennement et anonymement à corriger la « méchanceté » du monde. Mais refusons que cette charité en action finisse par se substituer à l‘exigence, politique celle-là, de justice sociale !!

 

« La planète brûle et ils regardent ailleurs ».

       Gouverner, c’est prévoir, choisir et expliquer. Surtout quand les défis sont complexes et à long terme. Au préalable, il faut être élu et, pour cela se livrer à un tout autre exercice : séduire, promettre, simplifier. Et faire miroiter des lendemains qui chantent.

        Redoutable contradiction. En 2007, c’est l’endettement du pays qui avait été ignoré. Les rêves immédiats avaient  balayé les risques alors jugés trop lointains et dont on mesure maintenant combien ils étaient imminents !

         Aujourd’hui, c’est l’écologie, pour simplifier, la préservation d’une planète vivante et vivable qui est tombée dans ce trou noir, comme sortie du radar politique, rayée de l’enjeu majeurs des prochaines décennies.

         Cette cécité est stupéfiante, ou plutôt cette occultation confondante, si l’on veut bien se rappeler un instant , les avertissements lancés de tous côtés, sans cesse plus nombreux et argumentés. Pas un mois ou presque sans qu’une étude scientifique pointe tel ou tel dérèglement progressif, insistant et, au bout du compte, inquiétant ! 
         Les principales formations politiques n’ont pas intégré la nouvelle contrainte écologique. Tous les signaux sont au rouge : le climat, la biodiversité, l’état des océans. Tous les rapports nous disent combien le coût de l’inaction va être préjudiciable à nos économies. Ce que nous observons est sans commune mesure avec ce que nos sociétés ont connu jusqu’à présent. Nous n’en avons pas pris suffisamment conscience. La conversion n’a pas eu lieu. Nos politiques sont dans un tel désarroi qu’ils peinent à proposer des réponses tangibles, concrètes, efficaces.

          Le dénominateur commun à toutes les crises que nous connaissons est notre incapacité à nous fixer des limites. Les enjeux écologiques doivent transgresser les clivages idéologiques.La gauche seule ou la droite seule n’y arriveront pas. Il existe pourtant une alternative : la croissance sélective. Il s’agit d’identifier les secteurs que nous avons besoins de développer : les énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments, ceux qui doivent prendre en compte les limites des stocks naturels par exemple la pêche et ceux enfin dont il nous faut sortir parce qu’ils ont un impact trop lourd, comme les énergies fossiles.

          Le préalable est de redonner de l’air aux Etats paralysés par la dette. Les banques centrales doivent pouvoir prêter aux états à un taux quasiment nul pour financer ces investissements d’avenir.

           Et puis, nous avons la fiscalité avec un double objectif. D’abord la solidarité : capter de l’argent et le redistribuer. Le second est la régulation : basculer tout ou  partie de nos prélèvements, sur ce qui peut sauvegarder la planète, les ressources naturelles et alléger les charges qui pèsent sur le travail. C’est ainsi que nous pourrons structurer l’économie de demain  …

 » Gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix. Celà suppose une démocratie adulte et du courage chez ceux qui entendent l’incarner. »

    Pour l’heure, hélas, l’une et l’autre font par trop défaut !!

Les abominables tueries et la dérive de nos sociétés.

Billet d’humeur, 7 Avril 2012.

            Les  effroyables tueris qui ont endeuillé Toulouse et Montauban nous incitent à la réflexion. L’immense mutation sociale que vous vivons souligne la perte de limite et d’autorité, et favorise l’apparition de certains troubles psychiques qui sont davantage dans le registre du passage à l’acte, la maladie de l’individu révèle celle de la société, c’est la raison pour laquelle il faut en tenir compte pour remonter à la racine du mal et préserver nos enfants. Ces jeunes  » convertis  » ont souvent des personnalités antisociales auparavant investies dans la délinquance. On leur propose de vivre une transformation « morale » en « confessionnalisant » leur haine tout en restant dans le passage à l’acte. La dépression est rarement évoquée au sujet des kamikazes. Pourtant, quelle meilleure proie qu’un dépressif, menacé dans son humanité, pour des manipulateurs qui se tiennent eux, prudemment et cyniquement éloignés de la mort, en amenant les autres à tout perdre !

          Ces prédicateurs les cannibalisent, les vident du peu de vitalité qui leur reste pour en faire des terroristes, c’est à dire des personnes qui ont perdu toute humanité.

           Et ce phénomène prospère dans un monde en crise, devenu village grâce aux multimédia omniprésents, surtout dans un contexte d’oisiveté. L’accès aux informations vraies ou dénaturées y est sans limites, parfois jugé juqu’à l’addiction.

           Depuis les années 1970, l’humanité vit en sursis dans une consommation illimitée. Devenue insupportable sur le plan énergétique et environnemental, elle a conduit partout à la fragilisation des facultés intellectuelles et morales, parfois jusqu’à leur destruction. Cette destruction justement engendre une immense souffrance qui peut rendre fou et qui est souvent exploitée par ceux qui savent la manipuler pour renforcer les tendances pulsionnelles brutes, que les organisations sociales ne savent plus détourner de leur but pour les transformer en investissement. Seule l’éducation permet d’inverser le signe de la pulsion automatique en la canalisant et l’orientant dans les relations sociales.

         Nos automatismes dissimulés dans les couches profondes de nos cerveaux peuvent toujours être détournés de leurs objectifs. De destructeurs, ils peuvent devenir protecteurs de ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue et n’est pas inhumaine !

Nous sommes toujours en état de choc, un choc terrible qui a heurté le monde entier et qui doit nous faire honte. Le sommeil et la raison engendrent des monstres, c’est encore plus vrai dans le monde contemporain.

            A nous d’être vigilants, de parier encore et toujours sur l’éducation, seule capable de tenir à distance cet  » ennemi intime « qui habite incognito chaque être humain et chacun d’entre nous …

 

 

 

 

 

 

Manger change-t-il nos émotions ?

Billet : Dimanche 1er Avril 2012

        La littérature regorge d’études, d’observations, de descriptions concernant les liens directs entre alimentation, fonctionnement du cerveau et comportement. En dépit du grand nombre de données disponibles, peu sont suivies de recommandations sanitaires. Pourquoi ?

Pour deux raisons. La première est que nombre de ces études n’ont pas été réalisées selon les règles de l’art, la seconde est que le cerveau et les fonctions cognitives sont restés marginaux Jusqu’à une époque récente.

      Aujourd’hui, il est avéré que les oméga3, les antioxydants, les vitamines, les sels minéraux outre leurs bienfaits sur la santé, ont des répercussions positives sur notre comportement, moins d’agressivité, d’agitation, de sautes d’humeur, de dépression. Par exemple, le simple fait de modifierl’alimentation de personnes en difficulté semble réduire le taux d’incivilité !

Ainsi, dans un lycée américain du Wisconsin, la nature des repas servis aus élèves a changé, au menu des protéines naturelles, des céréales compètes, des fruits et des légumes frais, le tout préparé sur place sans colorants ni conservateurs, ni fritures, ni sodas. Résultat : les jeunes sont moins indisciplinés, plus concentrés et affichent de meilleurs résultats scolaires. Si ces changements sont liés à d’autres mesures prises par le lycée, qui encourage l’activité physique, , l’implication des parents, l’alimentation apparaît alors comme un des principaus facteurs de mieux-être !

       Aux États-unis, en Suède, au Danemark, d’autres établissements ont choisi de modifier leur menu en conséquence. Mais entre les premiers constats  faisant état de l’influence des additifs sur le comportement des enfants et les premières recommandations sanitaires, il s’est écoulé trente ans ! Six colorants artificiels et un conservateur contenu dans les bonbons et certaines boissons sont montrés du doigt par les scientifiques. Ils augmenteraient l’hyper-activité.

        Si nous acceptons l’idée qu’un corps mal nourri est davantage sujet aux infections, il nous est plus difficile d’admettre qu’un cerveau dénutri est davantage sensible au stress, aux difficultés du quotidien, qu’il devient moins performant et plus vulnérable à l’anxiété. Pourtant les études désignent la  » mal-bouffe  »  comme facteur de mal-être.

        Il est vrai que les aliments riches en interdits (sucres et corps gras), sont souvent ceux qui nous font le plus envie. Ainsi plus le plaisir est grand, plus la punition sera conséquente  : infarctus, cancer, obésité … auxquels viennent désormais s’ajouter dépression, agressivité, problèmes de concentration. Notre angoisse fondamentale est sans doute d’être transformé par ce que nous mangeons. Une peur existentielle que les nouvelles données scientifiques continuent d’alimenter pour le pire, mais aussi, ne l’oublions pas, pour le meilleur !

La dictature du divertissement

LA DICTATURE DU DIVERTISSEMENT

Samedi 24 Mars 2012

Toute société se fait une image d’elle-même. La nôtre se regarde dans ses écrans. Le miroir du journal télévisé renvoie à des millions de télé-spectateurs, chaque soir, l’image du monde tel qu’il ne va plus ; avec ses massacres et ses faits divers. Nous savons tout, nous voyons tout , mais nous n’y pouvons rien. Témoin passif, donc complice, pour non-assistance à planète en danger. Le remède, nous le savons, est la participation citoyenne !

On nous montre un mal dont nous savons tout sans rien pouvoir faire contre lui ; préférons-lui cet autre malheur, qui ne fait certes pas la «une» des journaux, mais sur lequel notre puissance d’agir peut s’exercer ; c’est la solitude de cette grand-mère que, depuis longtemps, je n’ai pas eue au bout du fil. Au bout du fil ? Mais c’est sa main que je dois aujourd’hui serrer, c’est son regard qu’il me faut rencontrer !

Nous devons autant que possible, faire l’économie de ces «médiations»qui ne nous relient plus, internet, télévision, téléphone : préférons à toute chose, la présence réelle. Car celle-ci me donne à même la souffrance, la joie d’une rencontre !

Et il n’y a de joie que dans la rencontre….

Le bonheur, en effet, ne saurait en être privé . Il n’y a rien de cet «épanouissement personnel « dont on nous rabat les oreilles puisque, ainsi que le remarque très simplement Aristote «Personne ne choisirait de posséder tous les biens de ce monde pour en jouir seul » Ajoutons cette sentence célèbre : «L’homme est un être politique, c’est à dire relationnel »

Les écrans alors même qu’ils donnent à voir, «font écran» en masquant ce qui se crée d’intime et d’invisible dans la relation d’humain à humain, ils ne disent rien du bonheur qui s’y trouve. La canicule de 2003 a tué une dizaine de milliers de personnes âgées en France parce que, dans la chaleur étouffante, leur a manqué celle, humaine, qui rafraîchit. Nous avons désappris le prochain, seule véritable source de joie, nous lui avons préféré son image télévisée . Ce regard que nous ne pouvons plus croiser, ce sourire qui ne peut plus s’échanger…

Connectés au monde entier, nous avons oublié de l’être avec notre voisin de palier.

Ce dernier nous est pourtant confié comme on confie un secret : le Bonheur qui nait quand deux êtres humains se font proches est discret mais non moins réel.

Mieux, l’amitié est le bien suprême : l’homme est ainsi fait qu’il trouve sa pleine joie non dans les plaisirs privés et le repli angoissé de ses biens, mais bien au contraire, dans la parole qu’il ouvre à son semblable.

Reprenons donc les choses en nos fragiles mains, tissons des liens dont nous sommes capables.

Notre désir d’être divertis, d’être rendus heureux, vient de ce que nous sommes «bras ballants» face à un monde trop grand et trop complexe que nous ne pouvons plus embrasser.

Lutter contre cette impuissance, c’est réapprendre ce qui fait la beauté de l’humain !…

Parabole des temps modernes

Dimanche 18 Mars 2012

Conte philosophique selon Philippe DERUDDER

        Il était une fois un paysan qui avait acheté à crédit une terre à l’orée de son village. Tout le monde était ravi car depuis son installation les villageois avaient accès à une nourriture variée, saine, fraîche avec le plaisir supplémentaire de développer des liens avec leurs voisins lorsqu’il allaient faire leurs  courses dans la grange que la femme du paysan avait transformé en magasi, et le sentiment de contribuer à prendre soin de la terre, parceque tout était bio et que la nourriture n’avait que quelques centaines de mètres à parcourir pour arriver dans l’assiette.

Mais le paysan n’avait pas fait attention à une chose : il avait accepté un taux d’intérêt révisable. La conjoncture générale fit que le taux tripla, qu’il ne parvint plus à faire face et que la banque saisit sa terre.  Crise dans le village !

Crise ? Mais pourquoi donc ? La terre est-elle devenue inculte ? Le paysan incompétent ? Les besoins de la population inexistants ? Non, tout est toujours là, je veux dire la VRAIE richesse. Mais tout s’arrête à cause des règles du jeu que quelques-uns décident sur la virtualité qu’est la monnaie. c’est tout simplement absurde, suicidaire, parfois meurtrier  !

C’est dans cette situation qu’est empêtrée l’Europe …

       On est peut-être l’espace le plus riche au monde, tant par nos histoires, nos patrimoines, nos infrastructures, la beauté et la fertilité de nos terres, un immense espace maritime, des savoirs faire  dans tous les domaines, et nous tombons à la vitesse grand V à un niveau qui va nous faire ressembler aux pays pauvres … Que nous avons contribué à appauvrir !!

 » Il ne peut y avoir crise que s’il y a des besoins essentiels à satisfaire et qu’on ne peut pas y répondre par manque de connaissance, de technique, de ressources humaines ou de compétences ! <est-ce le cas pour l’Europe ? NON ! Alors l’Europe n’est pas en crise, qu’on se le dise ! « 

Il ne s’agit pas de savoir comment sortir de la crise, mais comment sortir de la bêtise qui l’a crée !

         L’argent par nature n’est pas la richesse mais la représentation de la richesse existante pour permettre l’échange. L’argent par nature ne peut manquer que si la vraie richesse existe ou, s’il manque, c’est que le système monétaire est mal conçu. Mais la pensée humaine est tordue au point de vouloir faire rentrer la vie entière dans la logique monétaire au lieu d’adapter le système monétaire à ce qu’exige et exprime la vie. la voiture est en panne, mais au lieu de la réparer, on met le conducteur en prison. L’être humain a manifestement un côté génial, nous en avons la preuve au travers de ses réalisations, mais quand il se met à être bête (pardon pour la grossièreté mais c’est déjà trop faible, alors là, il fait dans le sublime !!

           La bêtise actuellement conduit le monde ! Nous laisserons-nous dominer par elle ?     Cette folie doit cesser !

         Nous ne pouvons pas attendre le changement de la part de nos dirigeants qui manifestement sont enfermés dans la logique financière. A nous de faire le choix de l’intelligence du coeur. Puisque le système monétaire en place asservit et tue, lançons des systèmes qui libèrent grâce aux  monnaies complémentaires. Non seulement les pays les plus touchés par la crise (injustifiée) trouveront le moyen de ne pas se laisser broyer, mais en plus nous nous offrirons une expérience où nous pourrons nous redresser dans notre puissance et lancer les bases d’une économie au service de la vie !!…

L’HUMANITÉ EST INVITÉE À INVENTER L’AVENIR !…

Billet le 10 Mars 2012

         La crise nous obligerait-elle à penser l’avenir autrement ? Plus que jamais, nous sommes dans une véritable impasse. Ce n’est pas la première fois que nous sommes dans cette situation. Mais, du fait de la mondialisation, c’est  la première fois que cette impasse est généralisée.

      C’est l’humanité toute entière qui est invitée à se concerter pour imaginer l’avenir. Ce qui se passe est sans précédent dans l’histoire. Tout est parti de l’idée que l’homme pouvait bouleverser le cours de l’histoire. Il a voulu s’élever au rang d’un démiurge ! Mais notre conscience collective n’a pas atteint le niveau de lucidité suffisant pour voir l’étendue du désastre … Nous vivons encore dans l’illusion selon laquelle l’être humain va redresser la situation.

Politiquement, nous faisons de l’acharnement thérapeutique sur un modèle moribond.         Il est dans ce état parcequ’il est en dissonance et en contradiction avec les lois fondamentales de la vie. Nous espérons toujours remettre sur les rails le système que nous avons élaboré, mais ce n’est pas possible. Nous appartenons à la terre, le fait d’être doté d’une pensée pour le meilleur et pour le pire nous donne une spécificité, source d’angoisse ou de libération. Nous avons laissé l’angoisse prendre le dessus parce que nous avons peur de la vie et de la mort et d’une planète  » paradis « , nous avons fait un enfer. Le modèle que l’on disait triomphant est en train de se déliter lamentablement. La peur du lendemain ne cesse de grandir. Nous nous rendons compte que nous sommes très, très faibles. Alors nous bombons le torse avec nos innovations, nos machines …

Nous sommes sur une pyramide de milliards mais ce n’est pas celà qui nous rend plus heureux. Le bonheur, la joie ne s’achètent pas. Heureusement. le drame du monde moderne, c’est que l’indispensable n’est pas garanti et que le superflu n’a pas de limite !

Qu’est-ce qui ruine la planète ? Ce n’est certainement pas la nécessité !                       Pourquoi donne -t-on tant de valeur aux diamants, à l’or ? C’est infantile …

Tant que nous continuerons à donner à l’argent plus d’importance qu’au destin collectif et à la nature, nous resterons dans ces niaiseries. La gouvernance du monde n’est pas en phase avec les réalités de l’Histoire. Nous avons  l’impression que nous entretenons coûte que coûte un modèle en train de mourir. Heureusement, il y a les réactions de la vie.   La vie réagit de différentes manières. Dans la nature, elle peut mettre en place des stratégies extraordinaires pour assurer son maintien. Ainsi, prenez une graine de tomate, regardez-la bien, réfléchissez … Dans cette simple graine, il y a des tonnes de tomates . C’est prodigieux ! Comment peut-on justifier l’existence de la faim dans le monde ?!

       La situation actuelle a provoqué une créativité incroyable. Le monde de demain est en gestation. Au lieu de dire : ce sont des marginaux, il faut que ceux qui détiennent l’autorité considèrent enfin que ce sont eux les créateurs et non pas les modèles asservis à l’argent.

Les billets d’humeur 2012

Billet d’humeur, le 3 Mars 2012

Fantasme de l’islam !!

        C’est une campagne électorale saignante qui aura tourné une semaine autour de la viande, juste de la viande, mais de la viande islamique que les français avaleraient à leur insu. Monsieur le Président de la République a beau affirmer que seule 2,5 de la viande est Kasher ou halal, la polémique est bel et bien lancée et sucite un enjeu de débat réel et passionné.

Aujourd’hui, tout ce qui touche à l’Islam réveille et révèle le malaise français. L’existence de musulmans français, pratiquant et assumant leur religion est devenue à la fois un fantasme et un défi. Un renvoi de la France à ce qu’elle est devenue : un pays jadis « fille ainée de l’Eglise », qui ne croit plus, ne sait plus prier, saisi par l’agnosticisme. Et voilà que ce pays découvre en son sein une partie de sa population qui croit, prie et pratique ! C’est une image négative et littéralement insupportable, d’où le déni… Pour beaucoup de nos concitoyens, l’Islam affiché et assumé est un phénomène qui contredit ce que la France croyait savoir d’elle-même. Nous pensions à tort que l’ascension sociale, l’installation durable sur notre sol irait de pair avec une assimilation, une érosion du fait religieux.

C’est tout le contraire qui semble se produire. Il y avait des immigrés, une population pauvre, discrète, marginalisée… C’était compréhensible. Et puis ces immigrés ont fait souche. Ils ont des enfants français, ces enfants sont musulmans et le montrent. Des femmes portent le voile, des mosquées se construisent. Maintenant, c’est la nourriture, ce que le corps assimile qui est touché. C’est charnel, intime, essentiel. La France a un rapport fondateur avec la cuisine, l’alimentation, la nourriture. Manger c’est être français ; si des gens mangent différemment, sont-ils français ?

Dans les discours extrémistes, il y avait la fantasme d’une invasion venue de l’étranger, par le nombre. Nous serions submergés par la masse. Là, l’ennemi est à l’intérieur. Les deux discours sont aussi faux l’un que l’autre ; il n’y a eu aucune invasion physique de la France et la viande hallal qui n’a aucun effet magique, est extrêmement minoritaire, infime dans la consommation nationale.

Malheureusement, la raison est impuissante contre le fantasme ! Mais ce qui compte, c’est que ces interprétations n’entament pas  notre capacité à vivre ensemble . Nous construisons un pays qui change sous l’effet de la présence des musulmans, il évolue. l’Islam est plutôt en progression, le christianisme plutôt sur la défensive, c’est un moment à passer ensemble. C’est la raison pour laquelle certains discours politiques délibérément cyniques, mensongers, sonr dangereux pour la cohésion nationale :

Ne nous laissons pas entraîner dans le rejet de l’ Autre !…