Les sauveteurs anonymes.

samedi 22/04/2012. le Billet de Patrick Figeac

        L’intrusion « démonstrative des militants de Greenpeace dans plusieurs centrales nucléaires françaises a produit dans notre pays une belle émotion.Plus de paroles, des actes !! Si les dites centrales sont si faciles à atteindre, c’est la preuve irréfutable que leur « sécurité » est problématique. Imaginez ce qui se serait passé si au lieu de vrais militants, nous avions eu droit à des faux, à savoir des terroristes suicidaires ?!…

Tout en condamnant le principe de cette effraction, les ministres concernés ont dû reconnaître de graves dysfonctionnements dans la protection des centrales. Ils n’avaient pas le choix !

        Vu d’un peu plus haut, cette affaire souligne le rôle grandissant des sociétés civiles dans la marche du monde. Partout sur la planète, des centaines de milliers d’organisations non gouvernementales (ONG) remplacent désormais les décideurs politiques défaillants, absents ou affaiblis.

        Si des millions de familles françaises mangent à peu près à leur faim cet hiver, c’est grâce à des réseaux caritatifs comme les restos du coeur, le secours populaire, le Secours catholique et bien d’autres tous non gouvernementaux.

     Or l’action de ces réseaux repose sur l’engagement bénévole d’innombrables sauveteurs anonymes. Ils fonctionnent hors système, hors politique. Même s’ils tendent aujourd’hui à se professionnaliser, ils sont une émanation réflexe de la société civile. Ils complètent, améliorent ou remplacent purement et simplement l’action de l’état. C’est un signe des temps. Par certains côtés, le signe est réconfortant. On défend encore dans le monde associatif des valeurs qui ne sont pas ou plus celles de la société marchande !

      Gratuité, engagement, générosité. Nous y trouvons comme une respiration de l’âme quand le cynisme et le culte de la performance prévalent partout ailleurs. Le monde associatif correspond ainsi à une sorte d’îlot préservé.

     Mais d’un autre point de vue, pareil réseau d’entraide invisible, hors parti, hors syndicat, hors institution porte en lui-même sa propre limite. Une privatisation subreptice de la solidarité. Le danger serait alors d’aboutir à un partage des rôles entre associatifs et politiques. Aux premiers la générosité, aux seconds le cynisme et la  dissimulation.

     Celà ferait de ce magnifique monde associatif l’allié objectif  et involontaire du système. En mettant un peu d’humanité à la marge, il permettrait à nos  démocraties vermoulues de durer sans se réformer !

    Tirons notre chapeau aux millions de bénévoles qui travaillent quotidiennement et anonymement à corriger la « méchanceté » du monde. Mais refusons que cette charité en action finisse par se substituer à l‘exigence, politique celle-là, de justice sociale !!

 

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