Gouverner, c’est prévoir, choisir et expliquer. Surtout quand les défis sont complexes et à long terme. Au préalable, il faut être élu et, pour cela se livrer à un tout autre exercice : séduire, promettre, simplifier. Et faire miroiter des lendemains qui chantent.
Redoutable contradiction. En 2007, c’est l’endettement du pays qui avait été ignoré. Les rêves immédiats avaient balayé les risques alors jugés trop lointains et dont on mesure maintenant combien ils étaient imminents !
Aujourd’hui, c’est l’écologie, pour simplifier, la préservation d’une planète vivante et vivable qui est tombée dans ce trou noir, comme sortie du radar politique, rayée de l’enjeu majeurs des prochaines décennies.
Cette cécité est stupéfiante, ou plutôt cette occultation confondante, si l’on veut bien se rappeler un instant , les avertissements lancés de tous côtés, sans cesse plus nombreux et argumentés. Pas un mois ou presque sans qu’une étude scientifique pointe tel ou tel dérèglement progressif, insistant et, au bout du compte, inquiétant !
Les principales formations politiques n’ont pas intégré la nouvelle contrainte écologique. Tous les signaux sont au rouge : le climat, la biodiversité, l’état des océans. Tous les rapports nous disent combien le coût de l’inaction va être préjudiciable à nos économies. Ce que nous observons est sans commune mesure avec ce que nos sociétés ont connu jusqu’à présent. Nous n’en avons pas pris suffisamment conscience. La conversion n’a pas eu lieu. Nos politiques sont dans un tel désarroi qu’ils peinent à proposer des réponses tangibles, concrètes, efficaces.
Le dénominateur commun à toutes les crises que nous connaissons est notre incapacité à nous fixer des limites. Les enjeux écologiques doivent transgresser les clivages idéologiques.La gauche seule ou la droite seule n’y arriveront pas. Il existe pourtant une alternative : la croissance sélective. Il s’agit d’identifier les secteurs que nous avons besoins de développer : les énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments, ceux qui doivent prendre en compte les limites des stocks naturels par exemple la pêche et ceux enfin dont il nous faut sortir parce qu’ils ont un impact trop lourd, comme les énergies fossiles.
Le préalable est de redonner de l’air aux Etats paralysés par la dette. Les banques centrales doivent pouvoir prêter aux états à un taux quasiment nul pour financer ces investissements d’avenir.
Et puis, nous avons la fiscalité avec un double objectif. D’abord la solidarité : capter de l’argent et le redistribuer. Le second est la régulation : basculer tout ou partie de nos prélèvements, sur ce qui peut sauvegarder la planète, les ressources naturelles et alléger les charges qui pèsent sur le travail. C’est ainsi que nous pourrons structurer l’économie de demain …
» Gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix. Celà suppose une démocratie adulte et du courage chez ceux qui entendent l’incarner. »
Pour l’heure, hélas, l’une et l’autre font par trop défaut !!