En deux ou trois décennies, le bac est devenu un des objets cultes du folklore national. Son organisation d’abord : opération annuelle à grande échelle, mise au point de sujets nationaux entourés d’un secret bien gardé, chasse aux « fuites », à la fraude. Accompagnement télévisuel ensuite, reportages d’envoyés spéciaux, conseils en tout genre aux candidats, en matière d’alimentation, de pharmacopée, interventions « d’experts », corrigés des épreuves par quelque philosophe ou académicien patenté, comparaisons en pourcentage sur les « crus » des dernières années. Et enfin, scènes de liesse populaire à l’affichage des résultats !!
Reconnaissons qu’aujourd’hui le bac ne qualifie à rien, à l’exception des bacs professionnels, mais en être privé disqualifie pour presque tout. Dans ces conditions, alors que 88% des candidats l’ont obtenu l’an dernier, faut-il sacrifier presque deux mois de scolarité, mobiliser une armée d’examinateurs, dépenser des sommes énormes? Le bac justifie-t-il une telle déperdition de moyens? Alors que nous nous satisfaisons des résultats de plus en plus extraordinaires à cet examen, toutes les enquêtes internationales indiquent un effondrement du niveau des études secondaires en France. Certes, vous pourrez objecter que c’est au moment où les couches populaires y accèdent que les catégories favorisées plaident pour sa disparition. Ce n’est pas faux. Mais il y a plus grave…
Le baccalauréat permet l’ accès en faculté. Il est aussi malheureusement responsable de la transformation de l’université en institution-refuge avec, à la clé, des taux d’échecs exorbitants à l’issue des deux premières années, échecs dont pâtissent justement les étudiants issus des milieux défavorisés !…
Non à la sélection, oui à l’orientation et à une réforme profonde de cet examen terminal !
☛ Analyse des résultats du bac 2014
>> retrouvez la pédagogie selon Patrick Figeac sur son blog