Où en est la vie lycéenne?

  écouter Patrik FIGEAC  ici  :  ♫ ☛   où en est la vie lyceene ???
 et à lire  dans son blog en cliquant sur le titre 🙂

      Les grandes manifestations lycéennes de 1991, 1995, 1998 ont amené les gouvernements successifs à créer dans les établissements scolaires des instances de régulation, de concertation, de proposition : les conseils de la vie lycéenne. Leurs élus devraient être consultés  sur l’organisation des études et du temps scolaire, le travail personnel, le soutien, l’hygiène et la sécurité, les activités sportives, culturelles et périscolaires. Mais, la réalité est toute autre. En effet, bien souvent, les candidats sont rares et ne sont pas forcément les plus représentatifs. Et pourtant, il est essentiel de s’interroger sur la place des élèves dans les établissements. Présents partout, mais trés minoritaires dans les conseils d’administration, les commissions permanentes, les conseils de discipline, absents des conseils pédagogiques récemment crées pour mettre en place la réforme des lycées et même dans la commission chargée justement de relancer la vie lycéen

        Comment répondre à ce désarroi  et à la montée grandissante des inégalités sociales?  Les réponses apportées par l’école, même si elles sont encourageantes, restent encore insuffisantes :  140000 sorties sans qualification chaque année !…

       Les questions qui intéressent les lycéens dépassent largement les missions dévolues à la vie lycéenne : l’égalité entre les filières, la gestion de l’hétérogénéité et surtout l’orientation. Ils demandent davantage de justice sociale, des droits réels et non des informations sur des instances encore trop largement monopolisées par les « héritiers » et dans lesquelles ils peinent à trouver leur place !!

Génération désenchantée !!!!

Pour écouter Patrick FIGEAC, cliquez là ! :  generation desenchantée

 Génération désenchantée !…

        Révoltés au Brésil ou en Turquie, résignés en Europe. Le malheur n’attend pas le nombre des années. A intervalles réguliers, les jeunes se soulèvent contre leurs gouvernants. Point de révolte en vue dans la vieille Europe. C’est au contraire la résignation qui prévaut.

      Une résignation qui fait écho à la régression économique et sociale que vit la société française. Depuis 35 ans, les héritiers de mai 68, diplômés ou non vivent un véritable « déclassement ». Les maux de notre jeunesse  sont trés différents  de ceux qui poussent leurs camarades brésiliens, turcs, tunisiens à la contestation.Les conditions de vie des jeunes français ne cessent de se détériorer.  Depuis 2008, leur situation s’est considérablement aggravée ; la crise les a frappés plus violemment que les autres catégories sociales. Aujourd’hui, ils sont les plus mal lotis dans tous les secteurs : davantage au chômage, plus pauvres, moins bien payés et dans une situation de grande précarité.  L’ascenseur social ne fonctionne plus et le malaise est accru par la conviction qu’il n’y a pas de seconde chance possible.

      Les expériences de diversité sociale menées par les grandes écoles dont Sciences-Po, restent symboliques et ne concernent que 3 à 4% des étudiants. De plus, elles n’ont pas eu l’effet escompté. La massification de l’éducation ne correspond pas à une véritable démocratisation.

         Même si les Français restent les champions européens de la natalité, les « jeunes » sont devenus un groupe social minoritaire. Un Français sur 3 aura plus de 60 ans en 2050. Or, à partir de 2017, la génération des « baby-boomers » sera partie à la retraite.      Alors que dans les années 1990, les économistes avaient imaginé que cette période correspondrait à la fin du chômage des jeunes, elle risque au contraire de les entraîner dans une précarité encore plus grande. La « famille-providence » n’aura plus alors les moyens de prendre en charge les jeunes générations comme elle le fait depuis une vingtaine d’années. Le terrain social risque d’être trés tendu.

Les gouvernements successifs ont jusqu’à présent arbitré en faveur des générations installées, en faveur de la préservation des acquis ; ce n’est plus tenable !

Pendant la campagne présidentielle, François HOLLANDE avait fait de la jeunesse son « seul objectif ». Il lui reste quatre ans pour inverser une autre courbe : celle du pessimisme

Histoire-Géographie … à la peine !

05/07/2013
Ecoutez Patrick FIGEAC ici  l’histoire et la géographie à la peine
et sur EDUCAVOX 

      Le niveau des élèves en histoire et géographie  en troisième s’est détérioré depuis 2006. Deux études du Ministère montrent, sur ces deux disciplines, des évolutions opposées. A l’école primaire, le niveau reste stable, au collège, il a nettement baissé.

   Pourtant, les élèves aiment bien l’histoire et la géographie. Alors, pourquoi cette chute des résultats? La Direction des Etudes du Ministère cible deux facteurs : l’absence de travail personnel dans des matières jugées au final peu importantes et le fait qu’en dehors de l’école, l’histoire et la géographie ne s’inscrivent plus dans leurs pratiques culturelles. Pourtant, les applications web me manquent pas pour explorer la planète  !!! Trop peu enseignés sans doute !…  Et restent  les réseaux sociaux … qui ne semblent guère développer la curiosité ( un atout pour apprendre en s’amusant ! )

    Alors, les jeunes vivent-ils dans le même espace que les adultes? Ils ont accés à une masse d’informations dont ils peinent à distinguer l’essentiel de l’aléatoire et ne fournissent pas les efforts nécessaires pour apprendre.

Enfin, la baisse des résultats en histoire et géographie est à mettre en relation avec les difficultés recensées en expression écrite. A l’oral, tout va bien, ils posent des questions, sont motivés par les activités proposées mais, le passage à l’écrit les rebute.

Un dernier point mérite d’être souligné. La peur de se tromper qui est une des caractéristiques des élèves français.

      Plus qu’une crise de l’histoire et de la géographie , ces études interrogent le rapport à la culture qui comme chacun sait « donne forme à l’esprit ».

Il y a urgence.!!!

Le bac, un  » rite initiatique  » ?

♫ Écouter ici :  Le bac un rite initiatique
 
VENDREDI 28 JUIN 2013

       Le baccalauréat, appelé « maturité » dans certains pays, serait devenu au fil des années un rite initiatique. L’épreuve est proposée au début de la vie adulte, en même temps que le permis de conduire, le droit de vote et celui au mariage. Il signe  la fin des études secondaires et la nécessité d’une orientation qui conditionne souvent la vie professionnelle.

    Référence qui marque l’existence, le baccalauréat est le seul examen que les parents repassent par procuration, en accompagnant leurs enfants, en participant aux révisions, en étant plus fébriles qu’eux dans l’attente des résultats. De plus, il constitue un facteur essentiel d’intégration des jeunes issus des immigrations.

    Le baccalauréat s’apparenterait donc à un rite de passage pour deux raisons. La préparation de l’examen est l’équivalent des épreuves physiques qui jalonnaient jadis les sociétés sans écriture. Les réponses fournies aux compositions sont assimilées aux chefs-d’oeuvre auxquels accèdaient les compagnons en produisant un ouvrage de qualité. Pour changer le baccalauréat, il faudrait imaginer un autre rite de passage équivalent. Rituel, quand tu nous tiens !!! …

    Enfin, le bac est l’examen qui hante le plus nos songes. Souvent, trés souvent, nous rêvons que nous échouons. Nous retrouvons même les angoisses éprouvées lors de cet examen. Oui, le bac est vraiment une obsession nationale. Pas facile, dans ces conditions de nous en défaire !!!

A quoi sert le bac ?

     A quoi sert le bac ??

En 1950, 5% d’une classe d’âge décrochait le précieux diplôme qui ouvrait les portes de l’administration et des études supérieures. Aujourd’hui, ils sont 70% à passer l’examen. Sans garantie.

      Le bac n’est plus le sésame qui permet de décrocher un emploi. Selon l’INSEE, plus de 18% des jeunes bacheliers sortis depuis un à quatre ans de la formation initiale sont au chômage. Au fil du temps, le baccalauréat est devenu simplement une opportunité qui ouvre les portes des grandes écoles où les chances de réussite sont minimes, de l’université au sein de laquelle un tiers des étudiants échouent dés la première année. En réalité, le bac n’est réussi que par 70% des élèves, ce qui signifie qu’un tiers des jeunes Français quittent l’école sans le diplôme dont une grande partie est issue des classes populaires. Mais, il y a plus grave. La discrimination dans le cadre du bac général est encore plus sévère. 70% des lycéens dont les parents sont cadres ou enseignants l’obtiennent contre moins de 20% pour les enfants d’ouvriers ou d’inactifs. c

Faut-il alors le repenser, le rendre plus intéressant, un peu moins intellectuel? Quelle serait alors sa finalité? Fournir un socle de connaissances basiques à l’ensemble des jeunes lycéens? Mais que deviendraient alors les séries scientifique, littéraire, économique , les bacs professionnels et technologiques?

Les bacheliers sont loin d’être épargnés par le chômage qui ne cesse d’augmenter en particulier chez les jeunes. Ces questions doivent être posées. Une reflexion de fond sur le rôle et la place du bac ne peut plus être éludée. Qui osera lancer le débat  ?

le biillet d’humeur de Patrick FIGEAC peut aussi s’écouter ici :    le bac en 2013  ??

Jeunes en déshérence !

D’autres écrits sur l’éducation dans le bog AGIR 

écouter Patrick Figeac ici :

Jeunes en déshérence!!!

        Une statistique aussi méconnue qu’inquiètante vient d’être révélée dans une note du Conseil d’analyse économique sur l’emploi des jeunes peu qualifiés. 900 000, âgés de 15 à 19 ans n’étudient pas mais ne cherchent pas pour autant un travail. Ils ne croient plus ou n’ont jamais cru pouvoir trouver un emploi. Ces jeunes, en perte de confiance dans les institutions censées les aider, ont intégré une espèce de fatalité de la précarité.

Etre d’un faible niveau scolaire, issu de l’immigration , d’un ménage à faible revenu ou vivre dans une région reculée sont autant de facteurs déterminants. En France, 1,9 million de jeunes gens ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation; leur nombre a cru avec la crise jusqu’à atteindre 17% des 15-29 ans. Une petite moitié d’entre eux ne se considère plus comme demandeurs d’emploi. Découragés!!

      Les profils, les parcours, les moyens de subsistance (avant le RSA à partir de 25 ans) et les modes de vie de ces publics n’ont pas encore fait l’objet d’enquête nationale. En déshérence, résignés, ils ont subi, n’ont pas appris à être acteurs de leur vie, ne se projettent pas. Ils ne sont même pas dans la rebellion, ils ont compris qu’ils n’avaient pas d’avenir. Conscients de la dureté des règles, ils se retirent du jeu. Forme de résistance mais aussi de protection.

        Des plate-formes de suivi des décrocheurs de l’Education Nationale sont désormais chargés de les recenser, de les contacter. Des clubs-jeunes sont expérimentés pour tenter de les remettre dans une dynamique d’évolution positive.

           Tâche ingrâte, difficile, mais nécessaire. Il est impensable en effet de laisser un pan entier de notre jeunesse sans avenir. Car, si nous ne faisons rien, le pire est à venir et nous paierons au prix fort notre ignorance à leur égard. Ils ont besoin de nous. Ne les décevons pas !!!!

 

La sanction ( … à l’école) appelle … la sanction !

A écouter ici :  ♪ La sanction à l’école

La sanction appelle la sanction !!

        Nous ne savons pas grand chose des sanctions données chaque année dans les établissements scolaires. Pendant longtemps, cette question ne s’est pas posée de manière aussi cruciale, les chahuts étaient nombreux mais s’inscrivaient dans la vie des écoles sans créer de problèmes majeurs. La démocratisation scolaire, la relégation de certains élèves , leur échec massif ont fait apparaître une nouvelle forme de violence . Au « cancre », succède désormais « le sauvageon » et avec lui de nouveaux régimes de sanctions.

Une récente étude réalisée par Benjamin MOIGNARD, chercheur à l’Observatoire International de l’Education et de la Prévention, et portant sur 15 établissements de l’Académie de Créteil montre le volume impressionnant de sanctions mises en oeuvre.

       Lignes à copier, devoirs supplémentaires, retenues, avertissements, exclusions temporaires. Seuls, 4% des élèves n’ont pas été punis dans l’année. Certains les cumulent; ce sont généralement des jeunes qui entretiennent des relations difficiles avec leurs enseignants. La sanction appelle la sanction. Une recherche plus précise dans 3 établissements montre que 6 à 8% des élèves concentrent sur leur petite personne 52% des rapports d’incidents en sixième, 80% en troisième avec 87% d’exclusions de cours. Plus l’élève grandit, et plus les sanctions se répètent. Avec l’impression fâcheuse que tous les problèmes viendraient d’un petit « noyau » qu’il conviendrait d’éloigner de l’enceinte scolaire pour restaurer le calme et la paix dans les classes.

           La masse des sanctions, le sentiment d’injustice qui en résulte contribuent fortement à la détérioration du climat des établissements. C’est en travaillant sur des règles claires, partagées par tous, en développant des procédures contradictoires dans l’instruction des sanctions, en favorisant l’émergence de projets porteurs de sens, en considérant l’élève comme une personne, en le responsabilisant, en l’invitant à partager ses peurs et ses angoisses que nous parviendrons à mettre un terme à la souffrance de ces adolescents qui n’ont parfois d’autres alternatives que l’indiscipline pour montrer qu’ils existent.

Quand la Cour des comptes s’invite dans le débat.

Publié dans son blog « AGIR »,  voici le prologue de Patrick FIGEAC pour l’émission des 4 ateliers de Radio4, le mercredi à 10h :

VENDREDI 24 MAI 2013      ♫ > quand la cour des comptes s’invite dans le débat

Quand la Cour des comptes s’invite dans le débat.

     La Cour des comptes vient de s’inviter dans le débat sur la loi d’orientation avec la publication d’un rapport sur l’état de l’école. Pour elle, ce n’est pas le nombre d’enseignants qui pose problème mais, au contraire, la manière dont ils sont employés. La Cour souligne l’évolution du métier de professeur qui doit aujourd’hui faire face à des obligations de service qui ne sont pas rémunérées en tant que telles.

    Incapable de traîter le personnel de façon personnalisée, cette mauvaise gestion pénalise les enfants issus des quartiers défavorisés par le biais d‘affectations d’enseignants sur des postes difficiles sans expérience et sans incitation financière reconnue. La Cour insiste avec raison sur la faiblesse des rémunérations du corps enseignant, sur l’évolution de leur carrière. Mais,il est à craindre que les arguments avancés ne masquent une toute autre réalité. Nous sommes entrés dans une période d’économie budgétaire.

       L’annualisation des services préconisée, la bivalence recommandée dans le rapport permettraient de récupérer un nombre non négligeable de postes. Ces propositions nous rappellent étrangement la Réforme Générale des Politiques Publiques (RGPP) mise en place par le précédent gouvernement.

   Or, la massification de notre système éducatif exige des moyens supplémentaires. Accompagner, accueillir des élèves de milieux populaires demande plus d’efforts en personnel. Des classes allégées dans certaines zones difficiles sont certes budgétivores mais c’est la meilleure façon de réduire efficacement l’échec scolaire.

     Monsieur le Ministre de l’Education Nationale souhaitait privilégier en premier lieu la dimension pédagogique. A la lecture de ce rapport, nous pouvons craindre que ce soit l’aspect purement gestionnaire qui soit mis en avant.  

Serait-ce déjà la fin de l’exception budgétaire dont bénéficiait depuis un an l’éducation?

 

 

L’entrée dans l’adolescence passe-t-elle par Facebook?

Écouter le prologue de Patrick FIGEAC, dans son émission « Paroles » pour « Les quatre Ateliers de Radio4,   le Mercredi matin à 10h

ET ICI  >

* à retrouver dans  » agir-blog »

VENDREDI 17 MAI 2013

L’entrée dans l’adolescence passe-t-elle par Facebook?

       Facebook, ce réseau social est-il devenu le dénominateur commun d’une génération? Les deux tiers des 11-13 ans détiennent déjà un profil (malgré l’âge minimum fixé à 13 ans par l’opérateur), il en va de même pour 81% des 13-15 ans, 93% des 15-17 ans. A l’entrée en sixième, être initié à Facebook devient incontournable à la survie sociale !?

   Page d’accueil de l’ordinateur, geste réflexe de retour à la maison, il occupe les récréations des jeunes, et parfois même leurs cours.L’inscription sur Facebook , rite d’initiation à l’adolescence mais aussi plate-forme d’entraide pour les devoirs, fenêtre numérique sur l’extérieur. Formidable outil de communication permettant de valoriser les activités sportives et culturelles, de demeurer en lien avec les amis, offrant enfin à tous ceux que leur corps inhibe une alternative pour se socialiser, effectuer des rencontres amoureuses.

 Jusqu’à l’addiction. Certains adolescents vont en permanence vérifier sur leur page, comme sur un miroir, qu’ils existent, support visible et validé par le groupe de pairs.Gérer au détail prés son image, alimenter son journal quotidien a de quoi mettre sous pression. Ce serait même un facilitateur de la dépression car, le bonheur affiché par d’autres ne renforce pas forcément leur estime d’eux-mêmes. Obtenir que sa dernière publication soit la plus commentée pousse moins à la nuance qu’à la surenchère exhibitionniste ou violente…

     Cyber-harcèlement, création de faux profils peu flatteurs , trucages de photos, la fréquence de ces dérapages perpétrés dans un anonymat numérique inquiète le milieu scolaire. Le Ministère de l’Education nationale, depuis 2011 a donné une forte impulsion à la lutte contre les violences numériques. Cependant, de plus en plus de jeunes ont désormais des proches à qui Facebook n’a pas apporté que de grands bonheurs. Ils font donc plus attention, paramètrent davantage leurs profils pour les rendre moins accessibles.

      Encore faut-il qu’ils sachent où passe cette frontière entre vie publique et vie privée que l’usage des réseaux sociaux , comme la télé-réalité, a contribué à brouiller !!