Une conférence de Philippe MEIRIEU
au 8ème congrès IDEA : Arts de la scène – éducation
24 Juin 2012
Contre l’ Europe du «chacun pour soi et du pire pour tous»
Nous voilà à un moment clé de l’histoire de l’Europe. Que nous soyons Grecs, Irlandais, Allemands, Espagnols, Italiens, Portuguais ou Français, la question est de savoir si nous avons encore un avenir. L’Europe a dominé le monde pendant des siècles. Cette parenthèse est en train de se refermer alors que nous sommes dans une impasse.
Impasse financière avec une soi-disant « accumulation de dettes» que nous sommes incapables de rembourser ( et pour cause !!…). Impasse économique parce que nous n’avons plus de croissance (en effet nos impôts sont engloutis par le remboursement !)
… Nous vous renvoyons ici à notre billet issu du journal « le Monde économique » du 9 Juin 2012 : « La dette ? Quelle dette ?!»
Impasse politique parce que nous sommes incapables de répondre aux questions qui se posent à l’ensemble des pays … Impasse sociale enfin car la conséquence de la crise économique et financière, c’est la pauvreté , la précarité et les inégalités
Alors ?? Nous sommes bien à la veille d’un possible scénario de la catastrophe ; catastrophe MONDIALE d’ailleurs !! Voir le surendettement des Etats Unis d’ Amérique, entre autres !…
Le problème, c’est que les politiques européens, quels qu’ils soient appliquent dans une situation inédite des idées anciennes. Ainsi, on nous parle d’un « plan Marshall pour l’Europe » ou de «Grenelle de l’environnement» !. Dans un cas, nous sommes en 1948, dans l’autre en 1968 … Nous assistons donc à une forme d’abdication face aux marchés financiers. Par contre, combien d’entre nous savent qu’il existe un mouvement fédérateur autour d’un « plan Roosevelt 2012 » ?? Allez voir par ici ✍ !!
Le cas des agences de notation est éloquent à cet égard ! Le politique les critique à juste titre mais, c’est précisément lui, « le politique » qui les a instituées, en faisant des notes émises par les agences des références pour les autorités de régulation publique ! Voici un cas typique de la soumission du politique à la technique …
Il est cependant encore temps d’agir, de renouer avec la croissance à condition de mener deux révolutions. Il nous faut tirer les conséquences de la communauté de valeurs qui est la nôtre : S’UNIR, FAIRE FRONT face aux marchés et au reste du monde en fusionnant les dettes nationales dans une seule dette européenne, et mettre en place une solidarité budgétaire par laquelle les pays riches aident et soutiennent les plus pauvres !…
La seconde révolution est peut-être la plus importante : il faut cesser la rente et les privilèges, les frapper partout où ils sont pour au contraire favoriser la prise de risque et l’équité.
Or, actuellement, nous sommes dans « le chacun pour soi et le pire pour tous » ! Le CHOIX qui s’offre à nous, c’est soit la dislocation de la zone euro et les replis nationaux avec des conséquences épouvantables en terme de récession et de chômage. Ce qui est désolant, c’est la manque de vision , de souffle, de sens de la grandeur de nos dirigeants européens !
Il faut devancer l’opinion publique, faire preuve de pédagogie et non de démagogie, expliquer que nous serons forts ensemble et faibles séparés !!
Il nous faut renouer, non pas avec les idéologies, encore moins les doctrines, mais avec l’UTOPIE qui est un désir de CHANGEMENT ! Et agir, c’est voter, seul moyen qu’ont les peuples de faire entendre leurs voix. Occasion perdue lors des dernières élections … Dommage !!