ATTENTION aux dérives POPULISTES !

01/09/2012            ATTENTION aux dérives POPULISTES !

De toutes le vibrations sismiques qui secouent la démocratie, le populisme est l’une des plus inquiétantes !…

Ou, comme la démocratie n’est pas une forme politique immuable, mais qu’elle est exposée à de continuelles torsions, on ne peut pas exclure que le moment présent corresponde précisément à l’une d’elles !

Le populisme repose sur  «l’appel »  direct au peuple, ce dernier étant compris au sens «vulgaire»  de masse, porteuse de désirs et de droits mais pas de devoirs … De là découle l’idée que le leader reçoit ses pouvoirs du peuple de manière immédiate, (sans passer par les corps intermédiaires   comme le système représentatif, les institutions, les pouvoirs politiques).

Le populisme sait qu’il doit envoyer au peuple ses propres humeurs, ses lieux communs, ses préjugés. Ainsi, nous avons l’impression que c’est nous qui créons ces idées, vu que ce que le leader fait, déclare et pense, c’est précisément ce que nous faisons, déclarons et pensons !! Ce renvoi permanent se présente sous différentes formes.

Le besoin de conserver le lien avec le peuple influence les comportements personnels. Dans ce cadre, la personnalisation médiatique est décisive ! Le leader doit être toujours en vue, lancer des messages, susciter un désir d’imitation et un sentiment de ressemblance. En pratique, il doit donner l’impression d’être en dialogue personnel avec les citoyens mais ceux-ci ne doivent pas se rendre compte qu’ils sont devenus, entre-temps, des spectateurs !

Il reste à se demander ce qui pousse les démocraties sur la bordure  dangereuse du populisme. On ne peut pas croire que la démocratie, une fois installée, soit éternelle ! Du fait de sa nature de « construction difficile », elle est toujours exposée aux risques d’une crise !

On ne peut pas d’autre part exclure que la modernité avec son appel insistant à l’égoïsme, l’hédonisme et la frénésie de consommation soit en elle-même anti-démocratique.

En ce sens, le populisme pourrait être une manifestation d’impatience envers la démocratie, d’autant plus forte qu’émergent sur la scène politique des groupes porteurs de puissants intérêts personnels et c’est pire encore s’ils se présentent avec l’arrogance que favorise un médiocre niveau de culture …

Aujourd’hui, le populisme est la réponse sous forme de punition aux phénomènes qui font l’actualité de manière dramatique.

Avant tout, c’est une réponse à l’immigration massive et à l’impression que personne ne la contrôle sérieusement ; en second lieu c’est une réponse à l’effacement des frontières qui alimente dans le peuple la peur  que « l’autre » puisse envahir sa terre …

Autrement dit, le populisme est une réaction à des situations de « peur collective » comme celle qui caractérise si fortement notre époque. Avant que cela ne tourne au cauchemar, ce sont les partis politiques démocratiques aussi bien que les institutions européennes, lesquelles ne sont pas moins exposées au danger que les institutions nationales, qui devront assumer ce défi !!

Pour toutes ces raisons, restons vigilants ! …

Transmettre des savoirs à l’ère du numérique

                            Transmettre des savoirs à l’ère du numérique.

(paru dans AGIR, le blog de Patrick Figeac)

Nous vivons aujourd’hui la troisième révolution majeure ; aprés l’invention de l’écriture et de l’imprimerie, voilà qu’arrivent l’informatique et Internet. Toutes les trois ont modifié le rapport que nous entretenons au savoir, à la connaissance, en externalisant la mémoire, en libérant nos capacités cognitives pour des tâches d’invention et d’imagination.

Les conditions nouvelles de la transmission du savoir bouleversent notre organisation psychique d’une manière fondamentale .

Longtemps, le savoir s’est développé de manière cumulative et, brusquement, nous assistons à des changements de paradigmes, à des bifurcations imprévues dont personne ne sait où nous conduiront les rapprochements inopinés qui résultent de la condition actuelle. Ce qui est certain, c’est que la forme classique de la transmission du savoir , la forme scolaire est désormais dépassée.

 Nous vivons la fin de la « présomption d’incompétence » qui a longtemps délimité l’espace de ceux qui disposent de la connaissance des autres . Jusqu’alors nous n’avions jamais pensé que nous pourrions appliquer le mot « démocratie » au savoir. Or, la démocratie du savoir est un fait acquis !

Dans ces conditions, comment l’usage de ces technologies à l’école peut-elle contribuer à l’émergence de la pensée?

Trois exigences semblent nécessaires pour réussir cette mutation:

–  Exigence de « vérité » tout d’abord: si le numérique abolit toute verticalité dans l’acte pédagogique en laissant les élèves seuls, au contact d’informations multiples, il compromet la mission même de l’école. En revanche, si le professeur incarne cette exigence de verticalité, s’il l’assume clairement en posant méthodologiquement avec eux les questions qui interrogent le « donné », alors nous pouvons espérer que l’acte pédagogique soit restauré et que l’éducation retrouve sa juste place parce que des sujets s’instituent comme êtres pensants.

–  Exigence du sursis ensuite entre la perception et le jugement, entre la pulsion et l’acte, entre la conception et l’exécution.

– Exigence enfin à l’entrée dans la fonction symbolique qui permet de « penser l’absence » et de travailler psychiquement sur ce que l’objet ou la personne évoquent lorsqu’ils disparaissent de notre champ de vision. La pensée symbolique permet de se dégager de la simple production de l’image pour ouvrir la voie à l’imaginaire 

L’entrée du numérique à l’école pose deux questions :

–  Que transmettons-nous à travers lui de « l’humaine condition »?

– Comment retisser le lien entre les générations pour que nous puissions sortir de nos solitudes sans basculer dans le mimétisme?

Face à ces technologies qui envahissent notre quotidien, nous devons réfléchir et nous asssigner, comme d’autres, à la modestie.