L’ évaluation

Une réflexion de saison :  De quelle manière ÉVALUER ?  ?

          L’évaluation en questions

       L’examen universitaire est l’outil qui permet d’établir la valeur symbolique du diplôme à partir de la certification des apprentissages. C’est le premier acte de la reconnaissance d’une qualification sur la marché du travail. Mais, nous pouvons légitimement questionner l’idée même d’ascension sociale. Ainsi, une étude récente menée par deux économistes, Eric MAURIN et Sandra MC NALLY sur des étudiants de mai 68 le montre bien. La désorganisation du baccalauréat et des examens universitaires souvent « allégés » s’est soldée, cette année là, par des taux de réussite supérieurs aux années antérieures. Or, les étudiants ont finalement accédé à des positions sociales auxquelles ils n’auraient pu prétendre s’ils avaient subi l’épreuve de l’examen. La justice sociale n’est donc pas garantie. Il faudrait plutôt s’intéresser à des  méthodes alternatives de reconnaissance des savoirs.

       Une évaluation, quelle que soit sa forme, orale comme écrite, est toujours une façon imparfaite d’évaluer le niveau des élèves car elle se fonde sur des éléments qui ne sont pas liés directement au niveau du postulant. Une note dépend ainsi de l’environnement social de l’élève tel qu’il transparait dans son travail, mais aussi de l’humeur de l’enseignant au moment où il corrige, de sa trajectoire sociale, de son rapport aux jeunes, de la position de la copie dans le tas en cours de correction. Dès lors que l’on évalue, difficile d’éviter ces biais qui en pénalisent certains et en favorisent d’autres.

Des modèles alternatifs seraient donc plutôt à rechercher dans des secteurs comme la formation professionnelle qui valorise l’évaluation par les pairs, ainsi qu’une relation plus directe entre enseignant et élève sur le modèle du chef d’oeuvre des compagnons par exemple, validation plus personnalisée et moins normée … Certains prônent aussi le recours à l’auto-évaluation mais qui pose la question des moyens disponibles.

Dans notre système universitaire, le partiel écrit reste sans doute la forme la plus pragmatique et la moins coûteuse sans trop sacrifier du rituel méritocratique.