QUELS RYTHMES POUR QUELLE ÉCOLE ?

Un article sur les rythmes …

de Patrick FIGEAC,

Quels rythmes pour quelle école ?

Exposé de Patrick Figeac               (2010)

« Nous sommes des êtres de rythmes. ! ».Le terme de « rythmes scolaires » pour l’enfant est inadéquat et n’a pas la même signification selon qu’il est employé par les parents, les décideurs ou les scientifiques…

 Quels rythmes doivent  primer : ceux de l’Enfant ou ceux de la Société (représentée par les Adultes) ?

Depuis le début de l’école obligatoire, l’intérêt des adultes a été prioritaire :

* les grandes vacances : elles ont été instituées (de juillet à octobre) pour le travail des champs… Elles sont toujours là (même un peu raccourcies), sans aucun fondement scientifique sur leur utilité.

* la coupure hebdomadaire (du jeudi d’abord puis du mercredi) : exigée par le clergé. Elle est toujours là et pourtant la pratique religieuse est tombée en désuétude!

* les congés d’hiver institués après les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968 (il fallait bien

Il faut les équilibrer ! L’enfant a besoin de jouer, de bouger, de dormir, d’apprendre, de rêver….

En l’espace de 20 ans, en moyenne, les enfants ont perdu 1h 30 de sommeil par jour.

Nous n’avons pas tous le même rythme circadien (journalier)  qui fluctue avec l’âge, avec les conditions de vie, de travail. Ce sont les élèves les plus en difficulté qui sont les plus dépendants des rythmes, en particulier pour le démarrage de la journée.

Et pourtant on impose la même durée scolaire pour des élèves de maternelle (3 ans) et de primaire (10 ans) !

Si l’on respectait les rythmes des enfants (suivant en cela les travaux des chronobiologistes) on ne leur proposerait un travail intellectuel qu’entre 9h30 et 11h30 et 14h30 et 15h30/16h.

La neurophysiologie nous apprend que notre cerveau a besoin de faire des pauses structurantes régulières. Apprendre nécessite une fluctauation de nos états de conscience. Qui s’en préoccupe aujourd’hui?

« Dormir, rêver, c’est préparer demain en ayant compris et intégré hier. » Jacques Revel

Henry Poulizac nous rappelle que le sommeil est très important pour l’enfant surtout dans deux de ses phases : le sommeil profond pendant lequel l’organisme sécrète l’hormone de croissance

et les phases de rêves, le sommeil paradoxal (ceux du début de nuit consolident, renforcent et structurent les apprentissages, ceux fin de nuit sont plus liés à l’affectivité). La diminution de ces plages de rêve provoque l’apathie, la nervosité ou le stress.

Le temps de sommeil a un lien direct avec la performance scolaire.

D’où la nécessité d’informer les parents sur la nécessité de ces temps essentiels à notre vie psychique . Mais ce n’est pas un temps standard pour tous ; il faut observer l’enfant et sa durée de sommeil pendant les vacances (où il suit vraiment son rythme propre) pour connaître ses vrais besoins. La sieste ne compense pas la nuit…

Répartition du travail sur la semaine

François Testut et Georges Fotinos pensent que le système de 4 journées « sèches » est catastrophique.

Si, pendant les coupures (mercredi – samedi), l’enfant participe à des activités post et périscolaires, ses performances ne fluctuent guère.

Mais la coupure des deux jours du week-end provoque une désynchronisation des rythmes et lorsqu’elle est installée il est très difficile de retrouver un équilibre journalier.

Il faudrait diminuer le temps de travail de la journée et différencier la durée de présence en classe selon les âges.

Le plan Langevin-Wallon proposait une telle différenciation :

2h pour les 5/7 ans — 3h pour les 8/10 ans – 4h pour les 11/13 ans avec un maximum de 5h.

Répartition du travail sur l’année

Le rythme de 7 semaines de travail et 2 semaines de repos est imposé aux travailleurs des plate-formes pétrolières. Convient-il vraiment temps scolaire ?

En fait, les observations montrent que la période février – mars est une période « dangereuse » : le nombre d’infarctus et de maladies infantiles est beaucoup plus élevé que pour le reste de l’année. La fatigue est au maximum à cette période (moins de soleil…). Le temps des grandes vacances (2 mois) devrait être en hiver !

Il faudrait donc envisager une organisation de l’année très différente (l’idéal étant 2h de travail par jour pendant 365 jours !!!).

Sans aller jusque là, un rythme de 5 semaines de travail et 2 semaines de repos, sur toute l’année serait nettement plus adapté à nos besoins physiologiques. Est-ce possible ?

Une expérience a été menée à Fumel, à l’école Jean Jaurès entre 1989 et 1993 : enseignants – parents – municipalité – inspection départementale ont travaillé ensemble pour améliorer certains points :

[des élèves étaient accueillis très tôt – surtout des élèves de Clis]

des parents se sont organisés pour aménager la salle d’accueil et favoriser des activités calmes (lire, se reposer…)

[beaucoup d’enfants mal réveillés, ne prenaient pas de petit déjeuner et leurs performances scolaires s’en ressentaient; déficit d’attention, de mémorisation]

des agents de service ont été mis à disposition pour servir des petits-déjeuners offerts par les grandes surfaces commerciales.

[les repas étaient pris dans une ambiance sonore trop forte – 100 à 120 décibels – et le système nerveux soumis à un tel bruit pendant 40 ‘ met 2h avant de retrouver son équilibre initial]

les parents ont trouvé une réponse : venir manger avec les enfants. Et ils ont remarqué que le lavage des mains (avant) et des dents (après) était négligé ; que les serviettes ne servaient pas…

un système de « partenariat » a été mis en place avec les plus grands.

« Une matinée sans cartable » a été instituée avec les associations sportives et les parents pour proposer des activités complémentaires.

Autant d’initiatives qui ont montré qu’il était possible de mettre en oeuvre « une autre manière d’aborder le temps scolaire.

Conclusion :

Les rythmes sont un cadre  de travAil: comment le remplir en tenant compte du besoin des enfants ?

Guy Vermeil : Les rythmes sont essentiels à notre santé physique et mentale, mais il faut aussi se préoccuper de la manière dont l’enfant mémorise et acquiert des connaissances.

Une réflexion sur les rythmes engage aussi une remise en cause de nos propres pratiques pédagogiques. Sommes-nous prêts à l’engager Ceci est une autre histoire !

Patrick FIGEAC

 

en 2011 :  Et  LES RYTHMES scolaires ? ….Où en est-on ?  (agir✉blog)

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