Écouter ci-dessous » Les contradictions du Ministre » lire dans le blog
Le Ministre de l’Education nationale est en même temps habile et inquiétant. Il sait comment rassurer l’opinion en jouant systématiquement sur deux tableaux. La référence à l’école du passé, idéalisée et la modernisation du système grâce à la science, pourvoyeuse de certitudes dans un monde en perte de repères. Ainsi, il met en avant l’apport des neurosciences dans l’apprentissage de la lecture alors qu’elles ne peuvent résoudre la question du désir de lire et du plaisir de comprendre.
Monsieur le Ministre prétend s’appuyer sur les sciences mais dans le même temps, prend beaucoup de décisions sans aucun fondement scientifique. Il a réouvert la possibilité de la semaine de quatre jours en primaire, alors que tous les chercheurs s’accordent pour la juger nocive dans les apprentissages. Idem pour le redoublement. Là encore, il « restaure l’exigence » sans s’embarrasser vraiment de ce que disent les recherches. Son projet vise à modifier le coeur même de l’institution scolaire : caporalisme dans le primaire et libéralisme dans le secondaire. Une école primaire très encadrée où les « bons contenus » sont enseignés avec de « bonnes méthodes » afin de garantir une sorte de « socle identitaire ».
L’autonomie des établissements ensuite avec la concurrence instituée entre les élèves et les établissements. Il est à craindre que ces deux perspectives ne soient des impasses. L’école primaire a autant besoin d‘inventivité pour créer du commun entre les élèves que l’enseignement secondaire en a besoin pour promouvoir la solidarité dans une société déchirée.