16/06/2012 – Vent médiatique !…
Voilà une information de taille : la présentatrice d’une grande chaîne privée ne va plus présenter le journal. La belle affaire, voilà le monde médiatique en émoi ! N’en faisons-nous pas trop ?… Mimétiquement entraînés dans un vertige d’auto-célébration, nous en rajoutons au point que cette interminable romance ne prend pas pour objet les affaires du monde mais le journalisme lui-même. Telle journaliste est enceinte, telle autre est interdite d’antenne et, au total, la surface imprimée, l’espace sonore ou visuel consacré aux rebondissements de ces sautillantes affaires dépassent de très loin la part médiatiquement réservée aux tueries en Syrie ou plus près de nous, à la souffrance sociale qui s’appesantit sur l’Europe. Au fil des années, nous avons pris l’habitude d’accorder aux menues activités ou chamailleries de cette profession une importance royale. Le moindre jeu de chaises musicales entre animateurs, bonimenteurs, journalistes est pieusement mentionné, commenté avec autant de cérémonie qu’un remaniement ministériel, que la moindre nomination d’un ambassadeur ou celle d’un patron de la Banque mondiale .
Bonne manière d’indiquer en creux où se situe le vrai pouvoir !… Tartempion prend-il des responsabilités dans une gazette ? Aussitôt le landernau médiatique se mobilise pour disséquer, dépiauter cet évènement en prenant la terre entière à témoin ! Est-ce bien raisonnable ? Bien sur que non ! Il y a même une certaine puérilité dans cette auto-célébration qui voit les journalistes se prendre pour des vedettes au lieu de se cantonner à leur devoir d’informer.
En procédant ainsi, ils entretiennent autour de l’appareil médiatique une bulle qui enfle, virevolte, apporte du contentement au contentement et se réjouit sans relâche d’être ce qu’elle est. Du vent ?! Du vent et de la brume, or, le propre de la brume c’est de faire naître des tas de fantasmagories, des écharpes de nuages qu’on finit par prendre pour la réalité du monde !
Dans le même temps hélas, l’information, la vraie, est reléguée au second plan. Rien ou presque sur les enjeux des élections législatives, sur le rôle et la place des députés sur la scène politique ! Pas étonnant que si peu d’électeurs se soient déplacés pour aller voter !…
Ce n’est pas la conception que nous avons du métier de journaliste : témoins privilégiés qui doivent s’effacer pour nous donner à voir le monde tel qu’il est !!